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JVV

Il y a 1 an | 213 vues

Coquetterie JVV

JVV

incandescent

Une dernière mouette, vagabonde attardée, effleure de son aile les ultimes reflets du jour qui miroitent encore sur l’eau. L’ombre gagne. Et là-bas, vers l’ouest, vers la mer, le soleil agonisant éclabousse le couchant. Peu à peu, le ciel s’éteint. Et bientôt ne reste plus, au ras de l’horizon, qu’un petit nuage qui défend encore sa flamme, incandescent.

Cirrus

Été. Jour d’été. Lourdes vagues de blé qui ondulent sous le vent. Caresses alanguies de vent tiède sur la rivière. Grèves nouvelles toutes chaudes de soleil entre lesquelles la rivière se faufile encore. Soleil, soleil de lumière crue et de joie retrouvée, soleil bonheur, soleil chaleur… et là-haut, tout là-haut, habillant le ciel bleu de sa chevelure d’ange, déployant sa dentelle blanche alanguie, mon compagnon d’été tranquille, mon paisible cirrus.

Obsidienne

Ta vie est un volcan, bouillonnement incessant de désirs, d’emballements, de tristesses soudaines, de joies en explosion d’éclats de rire. Tu peux être toute la douceur d’une surface polie, miroitante, et tu peux être une arme, dureté extrême et bords tranchants. Tu peux être grise comme tes regards tristesse, ou noire comme tes regards colère. Tu peux être vert foret tranquille, ou rouge passion. Tu es pour moi tout, tout et son contraire, et la pointe de ta flèche a cloué ma vie sur ton mur, mon obsidienne !

Coquelicot

Bien sûr, on aimera la rose aux pétales pulpeuses, la rose amoureuse… bien sûr on offrira les dahlias aux couleurs infinies… bien sûr on évoquera les lilas des guinguettes, les lilas des jours de fête, les lilas du bord de l’eau, du vin blanc frais et des robes qui virevoltent et tournoient… mais lui, lui qui annonce le retour des beaux jours de ses points rouges disséminés, lui qui éclaire la blondeur de l’été, lui qui crépite de ses feux éphémères, lui si fragile qui meurt sitôt cueilli, aucun poème pour lui, aucun bouquet offert… non, aucune reconnaissance pour le gentil coquelicot !

Cercle

Dans la cour d’école, sous le regard amusé du professeur, blouses grises et nuage de craie, les enfants improvisent une danse bruyante d’éclats de rire, et tournent en rond, se tenant par la main. Les voiliers têtus tracent leur tour du monde. Les saisons déroulent leur éternel recommencement, la Lune gentiment tourne autour de la Terre, qui tourne inlassablement, d’année en année… et la vie, et ma vie, et ta vie, tournent aussi, nourries d’un sentiment immuable, de jour en jour inchangé, une figure de bonheur et de perfection, un cercle.

Moucharder

On a les trahisons que l’on peut ! Il y a les grands traîtres qui bousculent l’histoire, qui basculent les événements, dossiers volés, secrets trahis, complots ourdis dans l’ombre, et de longue date… il y a ceux, au contraire, qui savent et qui se taisent, il y a Cyrano cachant jusqu’à sa fin la plus tendre imposture… et puis il y a ceux qui ne peuvent se hisser plus haut que la petite mesquinerie, qui s’en vont colporter leur petite vilenie en chuchotant, en cachant leur bouche avec leur main, et qui, incapables de trahir, se contentent de moucharder !

Scorpion

Mon fils, soit le lion, soit la force et la ruse, soit la calme domination… mon fils, soit l’hirondelle, soit les virevoltes des soirs d’été, et les voyages par-delà les mers… mon fils, soit le cheval, beau, rapide, utile aux autres… mon fils, soit le chien, attentif et fidèle. Mais ne soit jamais celui qui passe sa vie caché sous une pierre à attendre le passage d’une proie innocente, ne soit jamais celui qui tue par surprise, ne soit jamais celui qui préfère la lâcheté du suicide à l’affrontement du danger, ne soit jamais scorpion !

Gourmandise

La vie est ponctuée de mauvais jours, mais qui conduisent aux jours heureux. Si tu le veux, la vie est une fête, une fête de découvertes, une fête de rêves et de chansons, une fête de fiertés et de tendresse, une fête de rencontres, de destins partagés, une fête de douleurs surmontées… il suffit de voir la vie du côté de la vie, et même si c’est difficile. Ouvre ton cœur, ouvre tes mains, et déguste la vie comme une gourmandise…

Génie

Il est quelquefois un être… mais est-ce un être… que l’on dira surnaturel, que l’on imaginera dans les bois et forêts, sous l’apparence… mais est-ce une apparence… d’un farfadet, d’un gnome, d’un lutin… Il est quelquefois l’expression des dispositions et capacités d’un peuple, et le distingue de tous les autres… Il est quelquefois une aptitude naturelle d’un esprit capable de voir autrement, de concevoir ce qui n’a jamais été conçu, de créer… mais quelque chose me gêne chez lui, car sa nature même rend unique, et donc voue à la solitude celui qui en porte les signes distinctifs : le génie.

Ordalie

Je crois en la beauté qui transcende toute chose. Je crois en l'amour qui fait de quiconque un être exceptionnel, unique. Je crois que ce petit rouge-gorge trouvera encore aujourd'hui la graine et la goutte d'eau qui le conduiront à demain. Je crois que le soleil allié à la brise légère réussira encore le miroitement frissonnant de ma rivière. Je crois que la chaleur de ton souffle me permettra de surmonter l'hiver. Je crois que tout ceci, nous le créons nous-même parce que nous le vivons, intensément. Je crois que tout ceci ne peut être le fruit glacé d'un jugement de Dieu atemporel, d'une froide ordalie…

Saturne

Un été… le mouvement prudent d'une grenouille à fleur d'eau, parmi les nénuphars, crée un rond qui s'en va doucement mourir jusqu'à la berge de la mare… un été… sous les arbres décorés de la place du village un accordéoniste fait danser la jeunesse, et les jupes des filles tournent, et tournent, et tournent en corolles multicolores… un été… par-dessus les campagnes, un ciel noir parsemé de diamants nous ouvre l'infini où tournent les mondes, les soleils, les galaxies, les anneaux de Saturne…

Adamantin

En ce lendemain du 11 novembre, il serait bon, je crois, d'avoir une pensée pour ceux qu'une guerre toute proche couche dans la boue et les gravats. 100 000 morts et blessés d'un côté, 100 000 morts et blessés de l'autre… et dans les yeux de ceux qui défendent leur pays, dans les sourires et les chants de ceux qui fêtent une ville reconquise, une même volonté, opiniâtre et tranquille, un même choix adamantin…

Cariatides

Il pleut ce jour-là sur la ville. Sur l'asphalte luisant les cafés projettent leurs flaques de lumière. Le petit piéton pressé trottine, tête baissée pour se protéger de la pluie froide aussi bien que du monde qui l'entoure et l'effraie. Il longe maintenant le palais de justice et ne peut s'empêcher, comme chaque jour, de glisser un regard en dessous vers les statues qui le dominent. Et, comme chaque jour, il marmonne ces mots hypocrites… oh, Madame, cachez ce sein que je ne saurais voir… mais est-ce vraiment ces poitrines fières qui le troublent ou l'affirmation, évidence qu'il ne peut nier, que ce sont bien des femmes, ici comme ailleurs, qui soutiennent le monde, indispensables cariatides…

Rassembler

On peut associer, les émotions, les connaissances, les compétences… On peut concentrer les réflexions, les forces vives… On peut grouper les volontés… On peut réunir les arguments, les convictions… On peut coaliser, rallier, associer… Mais surtout, surtout, les hommes, avec leurs rêves et leurs joies… on peut les rassembler !

Talisman

Parce que ta main se blottit dans ma main… parce que ton souffle est ma respiration… parce que tes sourires sont mes plus beaux soleils… parce que tes tristesses légères sont mes profonds chagrins… parce que la terre est belle quand mes chemins sont les tiens… parce que ton regard illumine ma vie, et les pires circonstances, toujours, se changent en chances… parce que ta présence est mon doux talisman…

Pourpre

L’aube, froide et blanche, bleue, coupante, se glisse par les campagnes engivrées, et, dans les villes, au long des rues, estaminets embués aux couleurs de café et de rhum… et la journée, encore, va rouler les joies, les peurs, les volontés et les lâchetés, les petits gestes toujours renouvelés… et puis, finalement, puisque tout a une mort y compris la mort elle-même, comme le chantait, à peu près, Mouloudji, ce jour, encore, agonisera dans une explosion lente et silencieuse d’or et de pourpre…

Subrepticement

Allégresse ! Ce sont les 20 ans de l’entreprise Trumuche, et les 60 ans de Jean Trumuche, fondateur, mon oncle ! Du coup, on a brassé les principaux cadres de l’entreprise, et les principaux membres de la famille, un peu pincés ! Et moi, je suis là, un verre à la main, une phrase d’intérêt poli à la bouche… 
« Et vos amours… ? » 
Oups, pas de chance, sa femme l’a quitté il y a deux ans… 
Salto arrière… 
« oui, oui… bien sûr… et c’est justement pour cela que j’espère que… ».
De toute façon, ce n’est pas bien grave… dans ce brouhaha lancinant personne n’écoute personne !
Quelqu’un vient d’ouvrir une baie vitrée… je sais qu’elle donne sur le parc, jusqu’à la grille, jusqu’à la liberté… sauvé… je vais m’y glisser subrepticement…

Soupirer

Rêver… rêver des aubes qui achèvent les nuits blanches… rêver du temps de l’insouciance, de l’ignorance heureuse… rêver des plongeons dans la mer en grands éclaboussements… rêver des danses tendres sur la plage, le soir… rêver des objectifs anciens, des buts vitaux et dérisoires… rêver, rêver d’hier, et soupirer…

Citrouille

Mais quel est donc le grognon, le « moi je sais », le vieux pompon qui, du haut de ses certitudes, a décrété qu’à partir d’un certain âge il n’était plus raisonnable de croire aux contes de fées ? Chacun sait, pourtant, que croire au merveilleux permet de le réaliser ! Alors oui, le chat botté est mon copain, et, oui, on peut faire un carrosse avec une citrouille !

Banquise

Les grands feux agonisent, et rougeoient encore sur la crête des collines, en grignotant leurs derniers arbres… là-bas, beaucoup plus loin, le lac recule encore, et quelques barques abandonnées restent là, sur le dernier rivage… et puis ici, l’ours blanc famélique dresse son museau vers le ciel en un dernier appel, affamé, mourant sur la dernière banquise…