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FannyJ

Il y a 1 an | 305 vues

J'ai démêlé les lettres et emmêlé les mots.

TALISMAN

J'ai gardé ton parfum dans le creux de mon âme. Un talisman qui se rappelle à moi chaque fois que l'absence frappe trop fort. Ça arrive de temps en temps. Ou peut-être souvent, je ne sais plus. Ton odeur, dans les draps, dans les murs et sur ma peau. Partout où tu n'es plus. Ton souvenir me fait perdre le fil. J'ai des ecchymoses plein le cœur, des plaies toujours ouvertes. Parce qu'il est violent le manque. Une lame acérée qui n'a de cesse de me persécuter.

POURPRE

Ils me tendent les bras, tentant naïvement de me relever. J'ai les zygomatiques endoloris et les fesses dans les cailloux. Plutôt cocasse pour une jeune septuagénaire au sourire capricieux. J'essaie de reprendre mon souffle, mais chaque nouvelle tentative est un échec. Leurs joues, pourpres et brillantes, sont parées de la chaleur des joies simples. L'insouciance de l'enfance m'hypnotise. Je ressens l'allégresse et je ris. Je ris pour moi et pour les autres. Je ris pour les jours trop longs et les nuits froides.

SUBREPTICEMENT

Les corps s'effleurent, les cœurs s'envisagent. D'abord lentement, sans trop oser. Puis les peaux se mêlent, maladroitement. Impatientes. Deux bouches qui ne font qu'une, mouvantes et muettes. Deux âmes, partageant des secondes qu'elles voudraient être des heures. Le temps se fige, subrepticement. Il ne reste que toi et moi. Et le frisson du désir.

SOUPIRER

Désinvoltes, elles s'échappent puis dérapent, jusqu'aux commissures de ses lèvres. Belles naïades égarées, cherchent eau calme pour se ressourcer. 
Nadia n'a plus pleuré comme ça depuis son enfance. L'émotion la dévore et malgré la pudeur, elle lâche prise. Des torrents de larmes qui noient sciemment l'amertume des regrets. Les minutes passent, libératrices. 
Le temps sèche les derniers sanglots. Ses yeux rougis ne quittent plus l'horizon, le soleil couchant l'hypnotise. La nuit, elle aussi, soupire.

CITROUILLE

Ce soir, il n'y aurait pas de citrouille qui se transforme en carosse, pas de coup de baguette magique, juste la merde du quotidien. Son match Tinder l'avait plantée, tout comme sa voiture. Et pour couronner le tout, la pluie avait imbibé ses cheveux, sa tenue, ses os. Assise dans le RER qui la ramenait chez elle, elle priait tous les dieux auxquels elle ne croyait pas. "Chatelet - Les Halles", plus que quelques minutes à pied. Mais c'était trop demander. Son escarpin, coincé dans une grille du quai, l'empêchait maintenant d'avancer. Elle décida de l'abandonner et partit en boitillant, avec un seul pied chaussé. Jusqu'à ce qu'une main attrape la sienne. Deux yeux azur et un escarpin en offrande. Pas de hasard, juste des rendez-vous. 

BANQUISE

Trente-six heures. La course folle des gouttes de pluie. Le cri des vagues. Quelques âmes, éparses. Le soleil, sitôt apparu qu'il disparaît, placide. La lune, plus brillante encore. 

Trente-six heures. La banquise pour horizon. L'horizon comme toile de fond. Et ton sourire. 

Trente-six heures. Colocataires éphémères du cercle polaire. Spectateurs. Complices. Le bout du monde au bout des lèvres.

ÉPERDU

Éperdu,
De ta peau, capucine
Qui glisse et s'agite 
Sous des doigts éperdus 
Eux aussi 

Éperdu, 
De ne pas savoir comment 
De ne pas savoir pourquoi
De l'amour dans les veines,
La passion qui déchaîne 

Éperdu,
De ce rêve qui m'habite 
De l'idée qui me hante 
D'un toi 
Ne fuyant pas le moi