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Chriscriss

Il y a 1 an | 645 vues

Nous étions 160...

Dure loi des concours… Déçue? Ce serait mentir de dire que non… Mais s’il y a une chose que j’ai envie de dire, moi qui ai déjà publié deux ouvrages dont une enquête-reportage qui a connu un bon succès et chroniqué pendant des années dans les journaux, c’est que j’ai été complètement épatée par la qualité des écrits des participants. Pas un-e dont n’a émané une fulgurance à un moment où l’autre; tant de courage aussi, on sentait parfois un vécu terrible derrière certains textes, la persévérance aussi de jeunes mamans qui écrivaient entre deux stress familiaux, la constance d’autres que j’ai suivi dès le début comme TOFPOLAR (et ses fabuleuses illustrations), lafilledujuge, Chris70, FATEMI, la généreuse CamilleNC, PlumedElle, MartineL, JUDESL, CelineBonacci, kattco, Risette, vanille, Aqua06 (évidemment), Sophiez, MorganeHovna, colline, LineMarlin, Risette, vanille, hortensemerisier, SweeBriar, Mimilitavecmoi, xiane, MRice, Morgane, Albine, AMB37, et sûrement tant d’autres qui m’ont échappé comme Leanora que je viens de découvrir, et qui ont sans doute aussi disparu des écrans d’un jury submergé. Tous desservis par ce Forum si basique du code qu’il ne permet même pas à Anastasia d’épingler ses messages sur les lauréats à la vue de chacun (aaaaargh!).

A titre personnel, je suis malgré tout très reconnaissante à ce concours qui m’a permis de retrouver la joie d’écrire après cinq années de traversée du désert. Ayant publié mes textes sur FB sous mon vrai nom (Christine Ley) j’ai eu l’immense plaisir et la surprise d’être suivie par des amis et connaissances que je croyais disparus de ma vie. En vous souhaitant à tous de continuer aussi, car plus on écrit, réécrit, donne à lire et relire, réécrit, meilleur on devient chaque jour…

Place maintenant à la liberté de s’épancher avec autant de signes qu’on souhaite! 

Longue vie à nos plumes!!!

PS: pour la petite histoire, j’avais mal étudié le règlement du concours (avant de le relire heureusement un jour avant le début) et préparé une dizaine de textes d’avance entre 250 et 750 mots!!!

Et pour ceux qui ont lu jusqu'ici, voici mes 21 textes...

 

1. Génie

La mère:

- En fait, tu te vois comme un génie?

La fille, fermement:

- Absolument.

- C’est ton parcours scolaire désastreux qui te fait dire ça?

- Je respire, je marche, je cours, j’aime, je déteste, je mange, je danse, je lis, je ris, je pleure, je ne crains rien, je m’émerveille de tout… Tu te rends compte?

-  Et ça te suffit pour fanfaronner?

- Je ne suis pas une simple chaise, Maman. J’exiiiiiiiste! Tu ne réalises pas à quel point c’est miraculeux?

- Viens à table, le dîner va refroidir.

 

2. Incandescent

Touchant, ces objets d’autrefois qui renaissent... Côté ampoules, fini les ennuyeux bulbes opaques ou pire, les économiques aux blafards doigts d’honneur. Aujourd’hui les lampes exhibent sans complexe leurs filaments incandescents. Des tortillons placés dans des globes cuivrés font le teint mat aux convives des restaurants, le moindre locataire dans sa tour peut s’offrir un micro-feu de bûches, une lumière basse conso chaleureuse se réinvite dans les foyers… Cette résurgence des ampoules du début du XXe siècle a quelque chose de rassurant à cette époque où tout change si vite. 

Quant au grand retour du tricot, non merci, à moins que mon futur robot fonctionnant à l’énergie libre ne s’en charge!

3. Cirrus

La nettoyeuse regarde la vieille dame anormalement immobile dans son lit, les yeux écarquillés. Sortant en trombe, elle se heurte à l’infirmière.

- La dame, elle est, elle est...

- J’arrive.

Dans la chambrette, l’infirmière appose un miroir près la bouche de l’aînée.

- Surtout ne pas la toucher.

- J’ai rien fait madame!

- Je sais Josée. Vous voyez la buée? Notre pensionnaire est seulement dans une transe. Depuis qu’on l’a installée sous cette fenêtre de toit, elle visite les nuages.

Et de désigner le ciel strié de pâles cirrus.

- Elle se prépare pour son grand départ. Ses vols d’essai, en quelque sorte.

Soir. Pour une fois, Josée est contente que son mari lui raconte sa journée dans les détails sans lui demander comment s’est passé la sienne.

 

4. Obsidienne

Léo débarque au travail, un caillou noir brillant acheté dans une boutique ésotérique enfoui dans une poche de son jeans. Nadia l’assistante l’informe que le boss l’attend d’urgence dans son bureau. Le jeune ingénieur se tire posément un café. Avec son obsidienne de protection, il se sent invulnérable malgré les réductions d’effectifs récurrentes dans cette boîte. Excédé de l’attendre, le patron sort brusquement de son bureau et glisse, son effort pour se rattraper se soldant par une chute proche d’un saut périlleux et un craquement lugubre. 

Une fois le blessé parti en ambulance pour l’hôpital, son pronostic vital engagé, Nadia glisse à Léo que le boss allait lui signifier une promotion avec augmentation de salaire substantielle à la clé.

 

5. Coquelicot

Un signe, je guette désespérément un signe de ma maman chérie passée de l’Autre Côté. Bien sûr une maman c’est conçu pour mourir avant sa fille, mais quel chagrin… Juste avant son départ, convaincue que la conscience survivait au corps, elle m’avait promis de m’envoyer un signe. Mais rien vu ni entendu depuis son décès cet été.

- Ta maman, elle n’était pas folle de coquelicots? me lance soudain ma cousine lors d’une balade. 

Ça c’est sûr, son logis était entièrement décoré à leur effigie. Les larmes affleurent à nouveau à mes paupières.

- Tu ne vois donc rien? insiste ma cousine avant de me désigner une fleur rouge vif orgueilleusement dressée au milieu d’un amas de feuilles mortes, totale incongruité en ce lieu et à cette période de l’année.

 

6. Cercle

Epaté par la qualité et de l’originalité des écrits de ce concours KWL, je me demande comment le cercle du jury va procéder pour départager les candidats… 

  • Pour autant que celui-ci parvienne à dérouler l’entièreté des trois cents commentaires du jour! ricane ma compagne qui m’a entendu jurer plus d’une fois tandis que je tentais l’exercice. Au fait, le repas que tu m’as promis de préparer pour vingt heures, tu penses le commencer bientôt?

Je regarde l’horloge. Mince, déjà vingt-deux heures!

 

7. Moucharder

Quelle aubaine que l’affaire Weinstein! J’ai balancé un nombre incommensurable de porcs sur Metoo… Ce que je me suis amusé! Personne ne pouvait savoir que j’étais en réalité un homme qui mouchardait les séducteurs qui me faisaient de l’ombre, c’est à dire tous, parce que de mon côté, le succès avec les femmes s’assimile au néant. Je mène une vie tranquille. La nuit en revanche, un rêve récurrent me fatigue un peu. Vêtu d’une grande chasuble blanche, j’ordonne à des bourreaux de torturer des femmes qui clament si fort leur innocence que je me réveille avec des acouphènes…
Qui vient de dire que j’étais un inquisiteur dans une vie antérieure? 
Je vais porter plainte pour diffamation!

 

8. Ordalie

Transylvanie. XIIe siècle. L’ordalie d’Asa aura lieu demain. Sa main va être plongée dans de l’eau bouillante, puis emballée pour trois jours. La candidate ne sera admise à l’Ecole des Mystères que si sa plaie cicatrise miraculeusement.

Asa réussit à ne pas hurler lorsque le liquide du chaudron dévore ses chairs. Accablée de douleur, elle traverse misérablement les longues journées. 
Le quatrième matin, devant les étudiants réunis, le Maître déballe solennellement l’extrémité gracile. Du pus s’en échappe. C’est l’échec. Asa s’effondre. 
Mais le Maître relève la jeune femme:

- C’est dans de l’eau froide qu’on a trempé ta main. Le pouvoir de ta conscience est tel que tu as provoqué cette grave brûlure. Sois la bienvenue à l’Ecole, future initiée!

 

9. Scorpion

On a huit ans. Ma meilleure amie Véro habite le premier étage d’un immeuble citadin, une aubaine pour les chenapans (tiens, ce mot n’existe pas au féminin) que nous sommes. Les jouets privilégiés de l’époque sont de souples insectes en caoutchouc, plus vrais et surtout plus gros que nature. Notre préféré est un scorpion noir auquel on attache un fil de nylon invisible afin de le faire tressauter à chaque passage de piéton. Sursauts, exclamations, cris, et parfois - cerise sur le gâteau - fuite éperdue nous jettent sur le plancher de sa chambre, pleurant de rire.

Un jour, une de nos victimes a chu de surprise. Elle ne s’est pas relevée. C’était une grand-maman.

Ce jour-là, nos larmes furent d’une autre nature.

 

10. Gourmandise

Les repas avec les femmes de ma vie n’ont jamais été simples. La première était allergique au gluten, la deuxième au lactose, la troisième considérait le sucre et l’alcool comme des poisons, quant à la dernière, elle a commencé notre relation végétarienne pour la terminer végane. Vingt ans d’acrobatie culinaire…

C’est alors que survint Patricia. Après l’apéritif fort animé de notre première rencontre, elle m’a lancé « Tout ça m’a ouvert l’appétit, on s’offre une soirée spéciale gluten-lactose? Comme je la dévisageais, pas sûr d’avoir bien entendu, elle a précisé, fondue au fromage! » 

Sa gourmandise m’a séduit dès la première bouchée (de viande séchée) et rendu fou d’elle à la dernière (de meringue glacée).

 

11. Adamantin

Depuis que je sais lire je dévore tout ce qui me tombe sous la main. Méticuleusement paresseuse, je n’ouvrais en revanche jamais un dictionnaire et me suis donc habituée à deviner le sens des mots selon le contexte, ce qui laissait place à de fantaisistes interprétations de textes. Ce n’est qu’aujourd’hui grâce à ce défi KWL que j’ai découvert la véritable signification de l’adjectif adamantin: « Qui a la dureté, l’éclat du diamant ». Bon sang, mais c’est exactement le qualificatif des yeux de mon premier boss, ce regard qui m’a conduite à me passer de patrons, chefs et autres supérieurs hiérarchiques le plus rapidement possible!

Maintenant c’est sur moi-même que je porte l’impitoyable vision adamantine.

 

12. Cariatide

Cette femme rayonnante aux vêtements bariolés qui trottine comme une gamine… mais c’est Danièle! Celle qu’avec les potes, on appelait la cariatide du monde. Depuis son adolescence, on aurait dit que chaque drame sur la planète la concernait personnellement. Une empathe pathologique diffusant un brouillard noir perpétuel. 

On avait fini par la fuir.

Autour d’un café, elle évoque sa métamorphose: « Pour ne pas devenir dingue pendant la période covid, je me suis coupée de tout, me suis retirée en moi-même. J’y ai trouvé une petite lumière. Aujourd’hui, après un grand ménage intérieur, je crois que j’en fais mille fois plus pour le monde en allant simplement bien. Comme si ma lumière débordait et attisait celle des autres… 

Je confirme.

 

13. Rassembler

Le grand guerrier-empereur Ashoka connut l’Eveil au milieu d’un gigantesque champ de bataille. Alors qu’il venait de transpercer une dizaine de coeurs et trancher autant de têtes, il s’est subitement demandé ce qu’il fabriquait là. Toute ces souffrances qu’il infligeait au travers de ses conquêtes n’avaient soudain plus de sens. Il a laissé choir son talwar, rassemblé ses hommes et répandu le bouddhisme dans toute l’Inde.

Et si partout sur la planète combattants et soldats étaient pris d’une langueur incoercible, chaque dictateur ou mollah se réveillait avec une brusque envie de tout plaquer, chaque participant aux grands jeux de pouvoir perdait brutalement tout désir de vaincre… mais dans quel monde vivrions nous???

 

14. Saturne

Il y a de cela longtemps car c’était avant que le temps n’existe, des anges qui n’avaient pas besoin d’ailes pour voler vu que l’espace n’existait pas non plus, se sont mis en tête de concevoir une planète pour expérimenter la matière vivante. Leur première création s’est perdue à jamais. Ils ont alors élaboré une étoile autour de laquelle tournerait la dite planète. Mercure fut ensuite fabriquée, hélas trop proche du soleil sans que tout y brûle. Place à Neptune: une boule de glace. Il y eut ensuite Saturne, trop gazeuse pour un projet aussi physique. Quelques tâtonnements encore, et les voici qui lancèrent une boule rocheuse dans l’orbite idéale pour abriter la vie biologique: la Terre. Restait à inventer ses habitants…

 

15. Talisman

Roger se dirige vers la porte quand son robot d’accompagnement se campe devant lui:

- On ne sort pas sans avoir ingéré son aspirine cardio!

Quand l’aîné déboule dans l’allée, penaud, c’est pour entendre sa voisine Gladys glapir à son déambulateur:

- Non, je ne ferai pas une minute de marche de plus!

Furieuse, elle se tourne vers Roger:

- On s’est bien fait avoir avec leur slogan « Talisman, les robots qui vous protègent et amènent de la magie dans votre vie » Des emmerdeurs, oui! Et pour la magie, j’attends toujours.

- Gladys, murmure alors suavement le factotum électronique, montons maintenant…

Fébrile, elle tape en vain sur le bouton OFF.

- … il est l’heure de ton plaisir.

Dehors, Roger rit encore tellement qu’il manque s’étaler sur les feuilles mortes.

 

16. Pourpre

Je devais avoir quatorze ans. Une colo-calvaire tant j’étais jalouse de deux filles si spectaculaires que tous les garçons les couvraient d’attentions, moniteurs compris.

Un jour, pour exister un tout petit brin, je les avais qualifiées de putes. Dans leur dos bien-sûr. Le lendemain, elles m’ont poussées dans une chambre. Ma vessie me brûlait de terreur. La première m’a calmement demandé:

- Sais-tu ce que c’est qu’une pute?

Je savais, oui. J’ai lamentablement bafouillé la réponse, tout en me protégeant le visage. La deuxième a questionné à son tour:

- Penses-tu donc sincèrement que nous soyons des putes?

Elles n’ont même pas attendu la réponse. A ce jour, j’en suis encore pourpre.

L’une est devenue avocate, l’autre psychiatre. Quant à moi…

 

17. Subrepticement

Encore une sommation de payer. Karine jette le recommandé au sol. Son coeur s’emballe. 

- Tssst, relaxe-toi, chuchote son Maître intérieur. Tu sais bien que si tu fais confiance à ton énergie au lieu d’angoisser, tu auras toujours tout ce dont tu as besoin. 

Karine s’étend à contrecoeur sur son lit, respire plusieurs fois profondément. Une fois calmée, elle sort flairer ce printemps précoce, s’interdisant toute inquiétude.

Plus facile à dire qu’à faire. Assise sur un banc, elle vérifie subrepticement le solde de son compte bancaire sur son smartphone. Un nombre à cinq chiffres s’affiche. Cherchant l’erreur, elle vérifie fébrilement, mais ne trouve aucun versement correspondant.

- Magie digitale, lâche le Maître en s’étirant posément.

 

18. Soupirer

- T’as pas fini de me mater le cul, connard!

Stupide, Tristan regarde sa main sur la poignée de la porte du bâtiment administratif qu’il tient ouverte comme chaque matin à l’intention de la personne suivante, lui décernant spontanément son éclatant sourire de jeune sportif bien dans sa vie. A ce jour, il ne lui serait jamais venu à l’idée de laisser retomber le lourd battant sur le nez de celles et ceux qu’il précède.

« Est-ce donc cela, le monde qu’elles veulent? »

 

- Hé, t’as pas mis le verbe « soupirer », dans ton texte!

Aujourd’hui, il restera sous-jacent.

 

19. Citrouille

Pas le temps de toucher le chèque géant de l’EuroMillions que mes enfants, ma belle-famille et mes voisins frappent à la porte, grimaçants, pour réclamer une part de cet énorme gâteau trop facilement gagné. Crépitent ensuite les appels téléphoniques pour des placements mirobolants. Ma tendre compagne se transforme alors en monstre lippu. Traqué, j’entrepose ma fortune en lingots au sous-sol d’un manoir avec vigile intégré, mais sitôt que j’emménage, une énorme fissure apparaît sur le mur porteur. La vaste demeure s’effondre avec fracas.

Je me réveille en sursaut dans le paisible grondement de la machine à café.

Je déchire mon ticket sans regarder le résultat. 

Certains carrosses se doivent de rester citrouilles.

 

20. Banquise

21 mars 2033. Mon assistant Intelligence Artificielle a planifié ma journée pendant la nuit. Il me réveille au moment optimal de mon cycle, vérifie mes paramètres vitaux, puis déroule mes rendez-vous du matin tout en commandant un Uber autonome. Il prépare également mes courriels et rapports que je n’ai plus qu’à signer. Lorsque je rentre pour assurer mes meetings de l’après-midi dans le Métavers 228, mon assistant IA a déjà fait livrer un repas adapté à ma pression sanguine et agendé pour la soirée un documentaire en immersion holographique sur la banquise, ma passion.

En fin de ressources, mon assistante humaine s’est donné la mort cinq ans après son licenciement. Si peu performante en comparaison… pourquoi me manque-t-elle tellement?

 

21. Eperdu

21 mars 2033 alternatif. Le dernier dictateur et ses sbires se sont volatilisés sous les yeux médusés du public. Les « puissants » de ce monde ont été remplacés par des intelligences artificielles ayant intégré que le vivant prime toujours. Un revenu inconditionnel dans une nouvelle monnaie mondiale est alloué à chacun. Des robots font les sales boulots et les humains qui le souhaitent oeuvrent dans ce qui les passionne. Une multitude d’événements spontanés favorise les rencontres. La bonne santé devient chronique.

Eperdue de tendresse, j’observe depuis ma maison-bulle régulée à l’énergie libre mon abondant jardin bio géré par mon assistant IA: des fées et les elfes s’y ébattent à nouveau!

La magie est de retour sur la planète.

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Les non-publiés (ceux qui m’ont donné du fil à retordre, j’en ai du coup écrit plusieurs, pour choisir à la dernière minute!):

 

Moucharder (bis)

J’ai passé les meilleures années de ma vie pendant la pandémie. C’est que j’avais à fort à faire, entre dénoncer les voisins qui effectuaient les courses plus d’une fois par jour pendant le confinement, balancer ceux qui recevaient davantage que cinq personnes pour Noël, épingler les restaurateurs qui ne vérifiaient pas les pass et moucharder les médecins non vaccinés. Mais hélas, tout ça c’est fini et même si je  m’invente encore quelques pseudos pour alpaguer ceux qui ne pensent pas comme moi sur les réseaux sociaux, c’est moins porteur.

Vivement cet hiver, que le gouvernement mette en place sa police énergétique!

 

Scorpion (bis)

- Il a tout pour lui. Il randonne, il communique… 

- Enfin! Je suis ravie pour toi.

Marine se désolait d’être seule depuis des décennies.

- Mais ce n’est pas le bon.

Je soupire. Aucune de mes amies n’a jamais eu autant de succès avec les hommes que Marine, sa soixantaine bien entamée n’y a rien changé. 

- Il veut des enfants?

- Te moque pas. Il est Scorpion. 

- Donc vif et passionné, parfait pour toi.

- Oui mais moi je suis Bélier ascendant Sagittaire, c’est la pire des configurations.

- Vous ne serez pas les premiers à déjouer les prévisions des astrologues.

- C’est plus grave que tu ne penses.

J’imagine une maladie incurable, une impuissance congénitale, quand elle assène:

- Il est Scorpion ascendant Scorpion. 

Est-ce finalement un hasard si certaines restent seules? 

 

Soupirer (bis)

Petit essai de typologie des soupirs. D’abord le soupir d’exaspération, issu généralement d’une occurence assez basique du type « amour de ma vie a encore égaré le bouchon de la pâte dentifrice ». Vient ensuite le soupir de soulagement un peu pathétique du mari qui s’aperçoit juste à temps de l’interminable cheveu qui orne son veston. Je passe sur la triste exhalaison du soupirant éconduit, pour arriver tout de suite à mon préféré, le soupir d’aise poussé par le fouillis de pattes et de poils qui me tient lieu de toutou lorsqu’il s’écroule dans son panier après une balade. Un soupir d’un telle ferveur et intensité qu’il me plonge immédiatement dans une profonde relaxation. 

Encore un domaine où nos quadrupèdes détiennent une sacrée langueur d’avance!

 

Soupirer (ter) 

J’ai pris pour habitude de méditer tous les jours en me concentrant sur une de mes jeunes cellules qui, une fois stimulée, diffuse son information de santé à tout mon organisme. Mais ces derniers temps, en fait de régénération, à peine assise en tailleur sur mon oreiller, c’est « adamantin », « obsidienne », « citrouille » ou encore « ordalie » ou « banquise » qui se bousculèrent en cercle dans mon mental éperdu. 

Je n’aurais jamais dû commencer mon cycle de réharmonisation de vingt-et-un jour en même temps que le défi KWL!

Quoique. Je soupire. C’est peut-être grâce à cette cellule qui électrise subrepticement toutes les autres que j’ai pris autant de plaisir chaque jour! Merci à ce concours et à ses superbes participants qui m’ont redonné le goût d’écrire, désormais sans limite de signes.