Retour
visuel principal de la chronique
Amorcas
Expert

Il y a 1 an | 184 vues

My generation de Roger Daltrey

My generation de Roger Daltrey nous conte l’histoire d’un petit gars issu d’un milieu populaire modeste. Né à la fin de la guerre de 39-45 dans une banlieue de Londres, il grandit dans un monde qui sort ravagé par les années de conflit où tout est à reconstruire.

Quand on est un prolo et que l’on veut percer dans la musique, il est ouvrier métallo, que l’on n’a pas de thune, il convient de déployer des trésors d’ingéniosité et de ténacité pour réussir. Guitariste au départ, Roger fabrique lui-même son premier instrument. Élaborée de bric et de broc à partir de matériaux de récupération, la piteuse guitare « une râpe à fromage montée sur des morceaux de bois » comme il la décrit lui-même, rendra l’âme et se cassera en deux au premier solo un peu pêchu, Qu’importe, l’enthousiasme est là, il s’obstine et continue.

Comme on sait ce qu’il adviendra du destin musical de Roger Daltrey, pas de suspens ! Les Who entreront dans la légende des plus grands groupes de rock de la planète. L’intérêt du livre réside dans la succession de rencontres et de ruptures qui vont aboutir à la résolution de l’équation magnifique : Roger Daltrey + Pete Townshend+ Keith Moon + John Entwisthle = the Who. L’association qui composera la formation mythique, le carré magique. Quatre personnalités hors du commun qui apporteront chacune dans leur domaine des innovations musicales majeures.

Cependant, à cette époque, la concurrence est rude et il convient de se démarquer des autres « grosses cylindrées » que sont, entre autres, les Stones ou Les Beattles. Ce qui va différencier les Who et constituer leur signature, c’est d’une part leurs qualités de musiciens perfectionnistes et d’autre part la démesure de leurs shows. Le côté frappadingue de ces mecs nous est égrené au fil des pages dans une succession d’anecdotes toutes plus ébouriffantes les unes que les autres. Ils prennent un malin plaisir à tout détruire sur scène à commencer par leurs instruments… quand ce ne sont pas leurs tronches lors de fausses manœuvres ! « Il fallait être le mouton rouge, pas le mouton noir ». Roger Daltrey rhabille les Beattles pour l’hiver avec cette sentence définitive  : « Les Beattles, un petit quatuor qui ne fonctionne que grâce à l’hystérie. Si les filles cessent de piailler, c’est cuit ». Et hors de scène, la réputation des Who n’en est pas moins plus redoutable et redoutée. On ne compte plus les chambres d’hôtel dévastées, les joyeuses bagarres, les nuits au poste de police…

« Sex drug enad Rock and Roll ». Les filles, les groupies, sont nombreuses à papillonner autour des rockstars, mais Roger demeure « très famille ». Il aura successivement deux foyers et sera toujours très réglo et attentif avec les siens. Les drogues hallucinogènes sont une composante essentielle qui hante l’univers musical de ces années-là. Ce sont surtout deux de ses compères qui seront affectés et détruits par cette addiction. Lui, notre Roger restera plutôt sobre dans ce domaine. Un bon gars, on vous dit !

Les lecteurs nés dans l’immédiate après-guerre et dans les années cinquante, qui ne connaissent rien de ce groupe mythique, auront le plaisir d’entrevoir à travers le prisme de l’univers onirique des Who toute une époque qu’ils auront vécue. Les Who ne sont pas un groupe engagé politiquement mais leur musique, et surtout leurs concerts se frottent en permanence à l’actualité et aux tragédies qui ponctuent ces décennies.

 En conclusion, My generation est une autobiographie, un peu longue, le livre compte plus de 400 pages mais qui demeure attachante sincère et fascinante. Un livre qui plaira aux fans de rock'n'roll et à tous ceux qui s'intéressent à l'histoire de la musique populaire.

Et s’il fallait choisir une illustration musicale, une seule, peut être Baba O..’Riley de l’album Who’s Next…

 


Alertes