Retour
visuel principal de la chronique
Ciboulette
Légende

Il y a 12 jours | 71 vues

Jour de ressac de Maylis de Kerangal - rentrée littéraire 2024

"Finalement, il vous dit quelque chose, notre homme ? Nous arrivions à hauteur de Gonfreville-l'Orcher, la raffinerie sortait de terre, indéchiffrable et nébuleuse, façon Gotham City, une autre ville derrière la ville, j'ai baissé ma vitre et inhalé longuement, le nez orienté vers les tours de distillation, vers ce Meccano démentiel. L'étrange puanteur s'engouffrait dans la voiture, mélange d'hydrocarbures, de sel et de poudre. Il m'a intimé de refermer, avant de m'interroger de nouveau, pourquoi avais-je finalement demandé à voir le corps ? C'est que vous y avez repensé, c'est que quelque chose a dû vous revenir. Oui, j'y avais repensé. Qu'est-ce qu'il s'imaginait. Je n'avais pratiquement fait que penser à ça depuis ce matin, mais y penser avait fini par prendre la forme d'une ville, d'un premier amour, la forme d'un porte-conteneurs."

 La romancière immerge ses personnages dans la ville où elle a grandi, Le Havre. Ce roman commence comme un vrai polar, inquiétant, puis glisse au fil des  pages en une ode puissante, un tourbillon qui vous enveloppe sans jamais vous lâcher. Une fiction ou le personnage principal est sa ville natale. Une enquête qui se transforme vite en une quête existentielle, au fil de son errance, elle repense au passé, laisser resurgir les fantômes du Havre et  se laisse tout entière emporter par des vagues de souvenirs.

 Délicate et subtile conteuse, Maylis de Kerangal nous fait partager plus qu'une histoire, un grand amour de jeunesse et l'amour d'une ville. Je me suis parfois perdue dans les déambulations de sa ville et ses légendes, comme une juxtaposition de cartes postales surannées qui n’apporte guère d’intérêt au récit… J’ai aimé la prose, le ressenti de l’auteure, ses peines, ses joies, son amour perdu. Un  roman intime, élégant et pénétrant.

 

 

 


Alertes