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Il y a 11 jours | 71 vues

Amiante de Sébastien Dulude - Rentrée littéraire 2024

Été 1986.Thetford Mines est une ville phare de l’industrie de l’amiante québécoise. Steve Dubois, neuf ans, et "le petit Poulin", dix ans, s’abandonnent à savourer leur existence sans surveillance, lire des Tintin dans leur cabane, la saison estivale est rythmée d’aventures sur les hauts terrils. Les journées des deux inséparables s’écoulent dans l’oisiveté et l’innocence. Or, l’année 1986 est riche en tragédies, et l’une d’entre elles affecte le cours de la vie de Steve comme nulle autre. Cinq ans plus tard, on le retrouve en proie à son obsession, reconstituer son paradis évanoui…

Nous sommes au Québec, il faut du temps, le temps nécessaire pour s’habituer à une nouvelle voix, pour parler de la mine, de l’ennui, de ce décor pastoral.  Dulude signe un premier roman étonnant de maturité.  La plume est précieuse et sensuelle, la prose d’une grande force poétique. Il fait le récit d’une jeunesse de solitude, faite de douleur et d’euphorie. Il met en scène avec justesse et talent le personnage de de Steve dans une narration qui traduit à merveille le quotidien, l’esprit et le cœur, voir la noirceur de son héro. L’auteur nous conte  Thetford Mines, une des trois villes québécoises de l’amiante, une ville de travail dur et aliénant. Une ville assujettie au pouvoir des entreprises minière ou sous la poussière d'amiante se jouent les bonheurs et les drames. La logique implacable d’une industrie qui abandonne quand bon lui semble les trous et les gens qu’elle a exploités. L’auteur fait entendre cette colère sourde.

Un superbe roman, inspiré et bluffant, il est rare qu’un romancier arrive à percer les états d’âme de l’adolescence avec autant de subtilité et d’émotions. On referme ce livre avec une boule au cœur. Sébastien Dulude ne fait pas ombrage à une littérature québécoise de qualité. La littérature est un bel endroit pour s’émouvoir… 


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