UNE TERRIBLE DÉLICATESSE de Jo BROWNING WROE.

1966, un terril s’effondre dans la cité minière d'Aberfan causant la mort d'une centaine d'enfant.William Lavery, dix-neuf ans, tout juste diplômé et apprenti embaumeur s’apprête à rejoindre l'entreprise familiale de pompes funèbres. Il se porte bénévole, mais son intervention dans cette tragédie va raviver bien des secrets enfouis et remettre en perspective les blessures du passé. Doué d'une voix exceptionnelle, William a du arrêter et renoncer à une brillante carrière de choriste...

D'une humanité certaine, authentique, ce roman donne corps à un héro sensible, l'histoire sublime d'un garçon à la voix d'ange qui reprend le métier de son père décédé. L'auteure connait son sujet, elle partage ici, dans ce bourbier gallois, le quotidien douloureux de ces hommes sans voyeurisme mais avec une remarquable acuité, utilisant la musique pour mettre en lumière les différentes variations de l'histoire. Une harmonie subtile et délicate, mais, comme souvent dans les premiers romans, elle manque parfois d'une singulière intensité.

Jo Browning Wroe oppose deux univers, tout d'abord le monde clinique des croques-morts, elle décrit avec justesse le métier d'embaumeur, un thème peu abordé, ayant grandi elle-même dans un crématorium. Puis la beauté troublante, le lyrisme d'une psalmodie liturgique comme le "Miserere d'Allegri , la chorale de Cambridge et l'autorité de son pensionnat, un régal d'austérité. 

Malgré une intensité parfois inégale, ce roman m'a beaucoup touché, l'auteure signe un très beau roman, émouvant et d'une grande sensibilité. Un roman qui nous parle de fort belle manière de reconstruction. Un récit plein d'espoir, sur la résilience, le pardon et la fragilité du bonheur.