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polacrit

Il y a 1 an | 266 vues

Une visite au musée qui pourrait bien mal tourner...

Panique à Drouot a été publié par les éditions La Martinière en 2022. Le style est fluide, la syntaxe solide, l'écriture vive et énergique: "Je n'ai jamais réussi à banaliser la mort, à l'appréhender froidement et méthodiquement comme pratiquent les légistes, à envisager mes enquêtes comme de simples puzzles. Nettoyer les écuries d'Augias a un prix: prendre dans la gueule tout ce que la société ne veut pas voir. Je sais aussi qu'à chaque fois, un cadavre charrie dans son sillage des vies brisées et des enfants privés d'affection, à jamais traumatisés." (Page 16)..."Par deux fois déjà nos chemins se sont croisés. Je doute que notre collaboration lui ait laissé un souvenir ému. Difficile de dire lequel aura le plus d'efforts à prodiguer pour mettre son mouchoir sur cette aversion réciproque et s'en tenir aux objurgations du procureur." (Page 26).

 

Maître Dupré-Latour, commissaire priseur à Drouot, est retrouvé mort dans une vierge de Nuremberg, instrument de torture utilisé au Moyen-Age qui faisait partie de la vente du mobilier d'un château de la Loire, vacation organisée par la victime. Il a été assommé avant d'être traîné jusqu'au sarcophage mortel. Le meurtre a eu lieu dans un local qui communique avec l'une des salles où sont entreposés les objets vendus en attente d'être retirés par les acheteurs. Pourquoi lui? Pourquoi d'une manière aussi effroyable?

Etant donné que l'hôtel des ventes est truffé de caméras de surveillance, soit le meurtrier a procédé à des repérages, soit il connaît bien les lieux. Et il savait probablement que le local où il a supplicié sa victime communique avec un réseau de couloirs reliant les salles. Sans caméras.

Le commandant Vicaux, mandaté par le procureur, se serait bien passé de ce cadeau empoisonné. Les enjeux sont considérables. "Le marché de l'art ce ne sont pas seulement des artistes médiatisés et déjantés qui s'en mettent plein les poches, c'est aussi des milliards d'euros de chiffre d'affaires avec à la clé un grand nombre d'emplois." (Page 24).

Ce meurtre aurait-il un lien avec l'affaire des Savoyards que la victime avait démasqués? Ou avec les petites combines de son épouse? Le commandant Vicaux et son adjointe, le capitaine Roux, vont découvrir un monde où tous les coups sont permis pour acquérir gloire et fortune.

 

Le +: l'ossature d'une intrigue policière fictionnelle basée sur des anecdotes réelles, comme l'authentification en février 2003 de Paysage de mer au ciel d'orage, une toile de Courbet, ou la mise en examen de l'UCHV ( Union des Commissaires de l'Hôtel des Ventes) en tant que personne morale pour "association de malfaiteurs, complicité et recel en bande organisée" par le juge Philibeaux, et sa dissolution en 2010. 

Avec Panique à Drouot, Eric Mercier propose un roman érudit, intelligent, à l'intrigue savamment mise en scène dans des décors bien plantés. Jusqu'au bout, il nous tient en haleine et nous guide dans les arcanes du monde de l'art avec brio. En lisant Panique à Drouot, vous mènerez une captivante enquête criminelle avec le commandant Vicaux et le capitaine Roux, et vous en apprendrez beaucoup sur les dessous des ventes aux enchères, le marché des œuvres d'art, les combines, les manigances. Vous ferez la connaissance d'experts ripoux, de voleurs et de receleurs, de collectionneurs et de marchands d'art sans scrupules...

 


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