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EglantineLilas
Légende

Il y a 1 an | 359 vues

Le feu de Noël

 Comme toutes les veilles de fêtes religieuses, le 23 décembre au soir, tous les jeunes ont rassemblé sur la place de l’église, un grand bucher et c’est à Mathieu en tant que plus ancien de la communauté qu’il est revenu d’allumer cette focara (le feu de joie) le 24 décembre. 

La nuit est claire, et le ciel étoilé, la pluie ne semble pas une menace dans les quelques jours à venir, mais il ne faudrait pas qu’une autre chute de neige pointe son nez. Le feu doit tenir jusqu’au  "capu annu", et chacun veille à l’alimenter pour qu’il ne faiblisse pas. La maison de Mathieu n’est pas loin de l’église et il entend, comme un chant d’espérance pour l’année à venir, le crépitement des branches. 

Des étincelles éclairent par saccades l’environnement. Il aime que les traditions se perpétuent et il veille à les transmettre par de longs récits aux plus jeunes qui non seulement l’écoutent avec passion, mais le sollicitent le soir, aux veillées, chez les uns et les autres. L’âme de la Corse continue à vivre à travers les anciens et les plus jeunes prendront le relais, il n’y a pas à en douter, Mathieu est sûr de ça. Le cycle des fêtes de Noël et du jour de l’an va se terminer le 1er janvier, lorsque toutes les buches auront brulé.

 Demain, à la veillée, avec famille et amis, chacun ira de son histoire de " diavule ou de murtulaghi ", ...car tous sont là pour écouter des histoires fantastiques et c’est à celui qui captivera le plus l’assemblée. Ne dit-on pas, mais que ne dit-on... que dans certains villages, dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier, à minuit, les femmes avec des  "luminelli ", allaient à la fontaine chercher l’acqua nova, mais surtout pour essayer d’entendre le bruit de la queue de la fée, car dans ce cas, elles étaient sûres que leurs vœux seraient exaucés dans l’année. Superstitieux peut être, et même certainement... 

Lorsque le feu sera complètement éteint, certains iront inspecter les cendres pour y voir les présages de l’année à venir, cela amusait Mathieu, mais pour sa part, il n’y croyait guère. 

Allons, il est temps de rentrer, tout semble en ordre en attendant le 1er janvier ou les enfants, criant baracuccu, iront de porte en porte présenter leurs vœux, "bon di bon annu ", pendant que les maitresses de maison leur distribueront les friandises.


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