M’âme Églantine et l'an nouveau

– Et qui s’est-y qui va être obligé de donner des étrennes, hein, je vous le demande ! Non, parce que si vous ne donnez rien, on jase, si vous donnez un peu, c’est pas assez, et si vous en donnez plus, on dira dans votre dos, que vous êtes maboule, mais on prendra l’argent ! Et moi,  j’en ai des étrennes ? Non ! Pourquoi faut-il que j’en donne aux autres, je vous le demande !

- Misère, dans quel siècle vivons-nous !

- Et ça veut dire quoi cette réflexion, je te prie ?

- Ah ça ? Ce n’est rien, une réflexion comme une autre !

- Horace, une fois encore, je vois que tu n’es pas d’accord avec moi, et tu réponds n’importe quoi ! D’ailleurs, tu n’es jamais d’accord ! Je le vois bien à ta façon de me regarder sans en avoir l’air !

Horace, comme d’habitude, prend l’attitude de celui qui est un peu sourd. Il va se cacher sous les coussins du divan, ne laissant dépasser qu’un petit bout de sa queue, qui bat la mesure en fonction des propos qu’il entend !

- Sale bestiole, je sais bien que tu m’entends, viens ici si tu veux ta pâtée !

Ce chat a le don de me mettre en rage ! Je sais bien qu’il n’est jamais d’accord avec moi, mais il pourrait au moins me regarder ou faire semblant de m’approuver ! Ah c’est comme ça que tu l’entends, et bien, tu vas voir ce que tu vas voir !

-Non, je ne suis pas d’accord, parce que vous êtes bien contente lorsque la concierge vous rend des services, et le facteur hein, lui qui vous monte le courrier au lieu de le mettre dans ta boite aux lettres, qu’est-ce que vous en dites ? Rien ? Bizarre, vous êtes à court d’argument ? 

-Tiens, Monsieur Horace, qui daigne venir m’affronter ! Enfin, tu sors de ta cachette, mais ce n’est pas une raison pour me regarder avec tes yeux…tes yeux de... de…tiens j’en perds mes mots, moi !

- Euh, je me ferais bien un p’tit somme moi !

- C’est ça fait le malin, je sais, tu te dis, la concierge, le facteur, ça rend des services, néanmoins, les pompiers, dis- moi les pompiers, j’ai mis le feu moi ? Non, alors pourquoi, qu'ils viennent chercher des étrennes ? N’oublions pas les éboueurs ! Les éboueurs, qu’on ne sait même pas si ce sont les vrais. ! Parce qu’Horace, je te rappelle que souvent, on dit que ce sont des faux, parfaitement des faux, comment qu’on dit maintenant…tu sais bien ...des faux ...bref et puis c’est la concierge qui est concernée par les poubelles puisque c’est elle qui s’en occupe !

- Si c’est la concierge… Pas moyen d’en placer une !

- Et la concierge, parlons-en de la concierge ! Toujours dans les escaliers, faudrait voir à ce qu’elle travaille un peu celle- là et quand elle n’est pas dans les escaliers, alors elle est dans sa loge certainement à siroter un p’tit quelque chose ! D’ailleurs ça serait du whisky que ça ne m’étonnerait pas...Non, parce que vois-tu, une concierge on l’a paie pour qu’elle travaille et dans les escaliers c’est souvent qu’elle parle avec les uns et les autres ! Aussi les gens y font que de lui causer et de quoi je te demande , certainement des cancans des voisins ... Enfin, faut que j’aille boire un peu d’eau moi je ne sais pas ce que j’ai ...euh...gloup... ma gorge est sèche...bouge pas Horace, je reviens...

- Elle devrait reprendre un peu sa respiration sinon c’est pour de bon qu’on va être obligé d’appeler les pompiers…ouf elle s’arrête un petit instant, le temps qu’elle boive peut- être elle aura oublié la suite !

- Que j’oublie quoi ? Je t’entends même de la cuisine !

-Vous avez mal entendu, en fait, je n’ai rien dit !

- Ah ça va mieux ! Nous en étions où ?

- Nous avions fini, je vous assure, tout est dit !

- Comme je suis fatiguée , pour une fois je vais te croire, je vais me reposer un peu.

- Je vais faire tout comme vous, moi !