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xiane
Légende

Il y a 1 an | 396 vues

Léon

Léon est un vieux garçon bourru pas toujours aimable. Il vit seul et ne s’intéresse qu’à ses livres d’art et à la musique. Au fil du temps, ses amis se sont mariés et ont eu des enfants. Leur vie est différente, ils n’ont plus d’intérêts communs, plus le temps d’aller écouter du jazz, plus le temps de visiter des expositions, plus de temps pour refaire le monde… leur amitié s’est effilochée et il ne les voit plus. Son père et sa mère sont encore en vie et il n’a plus qu’eux. Même s’il ne se sent pas si vieux que ça, il sait qu’il vieillit et la vie qu’il mène ne lui suffit plus. Il se rappelle les soirées passées à l’époque où ses amis l’invitaient encore. Il aimerait ne pas retrouver un appartement vide en rentrant chez lui. Hélas, jusqu’à présent il n’a jamais rencontré personne qui corresponde à ses attentes et il en est malheureux. A force d’être malheureux, il ne sait plus comment rendre les autres heureux. Moins il est heureux, plus il devient ronchon et son caractère de plus en plus dur à supporter. En vieux garçon célibataire depuis tellement d’années et mal-aimable, il ne convient très certainement pas aux attentes d’une femme… Il commence à réaliser qu’il devrait changer sa façon d’être.

Et si je m’inscrivais sur un site de rencontres sur Internet se dit-il un soir ? Il opte alors pour le plus connu, celui qui promet le plus de chances de rencontrer la personne idéale.

Le lendemain matin, il prépare son café, allume son ordinateur et se connecte sur sa fiche. Elle a été visitée plusieurs fois. Il regarde le profil des personnes qui se sont intéressées à lui et adresse un message à celles qui habitent sa région.

Une semaine plus tard, il n’a reçu qu’une seule réponse à ses messages. Il propose un rendez-vous à son contact dans un café du centre. Entre-temps la personne a dû changer d’avis et n’a même pas pris la peine de s’excuser. Résultat il attend une heure en vain devant une tasse de café refroidi !

Plus le temps passe, moins sa fiche est visitée.

Alors il ajoute une photo de lui, en pied. La photo d’un grand type brun, assez maigre avec une bonne tête qui pourrait être sympathique s’il n’avait pas l’air si triste et renfermé.

Sa fiche est à nouveau visitée. Il envoie quelques messages et ne reçoit aucune réponse. Il désespère : sa photo n’est peut-être pas assez belle ? Son profil pas suffisamment explicite. Ou peut-être trop ? Rien n’y fait malgré les changements qu’il effectue.

Maintenant Noël n’est plus si loin. Léon aurait tellement aimé ne pas venir seul réveillonner dans sa famille. Découragé, il supprime sa fiche sur le site de rencontre.

Quelques semaines plus tôt, par jeu et également par habitude, il avait préparé sa lettre au Père Noël :

" Cher Père Noël,

J’espère que tu vas bien et Petite Mère Noëlle également. Cette année je vais te faire une demande un peu spéciale !…

Chaque année depuis qu’il sait écrire, il envoie une lettre au Père Noël et il a toujours trouvé sous le sapin ce qu’il avait demandé…

Je voudrais une compagne ! Qu’elle soit jolie ou non n’est pas très important du moment qu’elle est gentille, coquette sans l’être trop, agréable et facile à vivre et surtout désireuse de construire une vraie relation avec moi. Et peut-être aussi avoir des enfants…

Cette demande sort un peu de l’ordinaire et sans doute également de tes cordes. Tu verras ce que tu peux faire.

Un grand merci.

Embrasse Petite Mère Noëlle de ma part.

Léon "

…mais jusqu’à maintenant ses demandes avaient été raisonnables et réalisables !

Tous les ans, Léon va passer les fêtes de Noël chez ses parents. Il arrive tôt le matin du 24 pour aider Petite mère à aller faire les courses de dernière minute et décorer la maison. La famille réveillonne toujours frugalement le 24 au soir, Petit père travaillant toute la nuit. Petite mère ne passe son après-midi derrière les fourneaux que pour le repas du 25. Les présents sont ouverts après le dessert.

Même s’il aime profondément ses parents, Léon se dit en bougonnant qu’il est difficile de trouver un cadeau qui leur fera plaisir. A leur âge, ils ont tout le nécessaire et peu de besoin. Sachant à quel point Petit père devient frileux en vieillissant, Léon a prévu pour lui des chaussons : ils sont rouges doublés de fourrure blanche. Petite mère est une fine cuisinière et adore préparer des cookies. Léon lui déniche un nouveau livre de recettes qu’elle pourra ranger à côté de tous les autres sur une étagère de son grand vaisselier dans la cuisine.

Le dîner est servi à 18H30 : un velouté de potiron à savourer bien chaud dans de jolis bols en forme de citrouille, des petits lardons croustillants flottants à la surface en compagnie de croûtons dorés et de copeaux de truffe blanche. Ensuite une petite salade de mesclun avec des filets de magrets fumés. Enfin quelques clémentines juteuses, parfumées et sucrées. Pendant le dîner, Léon raconte à ses parents sa tristesse, sa solitude et son mal-être. Petite mère lui reproche son côté grognon et toujours mécontent. Petit père quant à lui ne dit rien et part travailler la dernière bouchée avalée. Léon et Petite mère ont toute la soirée pour décorer la maison. Léon traîne le sapin depuis l’appentis jusqu’au salon. Petite mère ouvre la caisse aux décorations. Ils discutent longuement du meilleur endroit pour placer le sapin pour finalement choisir, comme tous les ans, de le mettre dans l’angle à côté de la fenêtre, pas trop près de la cheminée. C’est Léon qui accroche l’étoile et les décorations sur les branches trop hautes pour Petite mère. Elle lui rappelle le temps où c’était elle qui accrochait les plus hautes décorations tandis que lui, petit bonhomme rieur, n’atteignait que les branches les plus basses.

Le sapin décoré, il n’y a plus qu’à placer les cadeaux dessous avant d’aller se coucher.

Le lendemain matin, au petit déjeuner, Léon et Petite mère découvrent par la fenêtre de la cuisine un paysage tout blanc. Des oiseaux volètent autour des boules de graines accrochées aux branches dans le jardin. Il a neigé fort cette nuit. Petit père n’est rentré qu’au petit matin. Epuisé, il a filé sous la couette et ne se réveillera que pour mettre les pieds sous la table pour le repas de Noël. Petite mère et Léon ne font pas de bruit pour les derniers préparatifs du repas de ce midi, pour ne surtout pas réveiller Petit père alors qu’il dort si bien.

A midi pile l’horloge, réglée pour ne sonner qu’une fois par jour, carillonne dans le salon. Petit père ouvre enfin les yeux et file sous la douche. Encore en peignoir, de vieux chaussons usés aux pieds et ses cheveux blancs en bataille, il sort de la chambre avec un énorme paquet dans les bras. Tout en souriant dans sa barbe, avec un grand clin d’œil à destination de Petite mère il le dépose sous le sapin et retourne s’habiller.

La table a été dressée avec une nappe damassée d’un blanc immaculé et de la jolie vaisselle. Il est l’heure de déjeuner.

Le dîner de la veille avait été plutôt léger, alors ils ont faim tous les trois et se sentent prêts à dévorer un veau et sa mère !

Une magnifique terrine en grès vernissé et de petits bols et assiettes en grès assortis trônent au milieu de la table. De délicieux parfums s’en exhalent et embaument la pièce.

-               Terrine de foie gras de canard au porto, dit Petite mère.

En disposant dans les assiettes de Léon et de Petit père chacun des ingrédients qu’elle énumère, elle ajoute :

-               A déguster sur des tranches de pain d’épices légèrement toastés, accompagnée d’une grosse cuillérée de compote de pommes aux épices, de quelques grains de raisins au miel et d’une figue confite. Le tout servi avec un verre de porto, bien sûr !

Léon et Petit père en salivent d’avance et leur ventre gronde.

Petit père lève son verre à porto et lance un " bon appétit et que nos vœux les plus chers se réalisent ! "

La terrine à moitié vidée est bien vite remplacée par un plat où une volaille à la peau délicatement dorée et croustillante est entourée de riz mélangés, de pruneaux, d’abricots, d’amandes et d’oignons confits.

-               C’est une poularde rôtie aux fruits d’hiver et si vous n’avez pas suffisamment de pruneaux ou d’abricots, j’en ai encore en cuisine.

-               Ça a l’air délicieux, dit Léon en tendant son assiette à Petite mère qui y dépose la cuisse qu’elle vient de découper.

Petit père dit qu’il pense qu’après tout ça, il sera seulement capable de faire une sieste !

-               Et tu es rentré bien tard, tu devais avoir beaucoup de colis à livrer cette année. Après la poularde, vous aurez un sabayon aux marrons glacés et le café accompagné de quelques petites madeleines, alors essayez de garder un peu de place.

Le dessert terminé et le café avalé, il est enfin l’heure d’ouvrir les cadeaux.

Sous le sapin il y a quatre paquets de différentes tailles : les chaussons pour Petit père, le livre de cookies pour Petite mère, une grosse boîte de cookies maison dans une magnifique boîte en métal rouge et verte pour Léon de la part de Petite mère et un très très grand paquet, celui que Petit père a mis sous le sapin dès qu’il s’est levé. C’est pour Léon et c’est une surprise, dit-il avec des petits frémissements de rire dans la voix !

Léon, curieux, se dépêche d’enlever le papier cadeau que Petite mère récupère et replie précautionneusement. Quand il découvre ce que son père lui a offert, il a bien du mal à cacher son désappointement…

-               Crois-tu vraiment que tu méritais autre chose fiston ? Avec le caractère que tu as maintenant et ta façon de vivre en ours solitaire ?

-               Nous t’aimons plus que tout, toutefois ton père n’a pas tort et tu devrais y réfléchir avant qu’il ne soit trop tard !

Léon, sa boîte de cookies et son gros paquet ficelé bien serré dans du papier kraft rentre en métro. Il est triste. Il est tard et il somnole à moitié alors de peur de le faire tomber, il pose son gros paquet sur le siège vide en face de lui. Il pense à ce que lui ont dit ses parents et au cadeau que son père lui a offert. Une poupée automate grandeur nature. Elle est magnifique mais que va-t-il en faire ? Léon ne pensait vraiment pas à ce genre de chose quand il rêvait d’une compagne. Il n’a jamais joué à la poupée et ça n’est pas à son âge… Ses parents ont-ils raison ? Son cœur est-il devenu sec, trop sec pour rendre une compagne heureuse ? N’est-il plus temps ?

Le métro est presque arrivé à destination lorsque le portable de Léon se met à vibrer et le réveille. Un texto vient d’arriver : Joyeux Noël mon fils ! Regarde autour de toi et saisis ta chance... Léon lève les yeux de son portable. Assise en face de lui une femme le regarde avec un petit sourire en coin. Son portable vibre à nouveau : tu sais, fiston, je ne suis pas aussi sévère que j’essaye d’en avoir l’air ! Ta mère et moi te connaissons mieux que tu ne te connais toi-même… nous voulions te donner une leçon !

Son cœur se met à battre à grands coups dans la poitrine, il en tremble, mais il lance " bonsoir… pardonnez mon audace… nous ne nous connaissons pas, c’est Noël, alors, puis-je vous proposer d’aller boire un verre quelque part avec moi ? "

-               Cela me ferait très plaisir…

Un troisième texto arrive encore : et dépêchez-vous de nous faire des petits !

Léon sourit ! Il n’est décidément pas facile d’être le fils du Père Noël !

-               Je m’appelle Léon, et vous ?

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                                                             Les recettes de Petite mère

Velouté de potiron aux lardons et croutons aux copeaux de truffe blanche

Ingrédients (pour 3 personnes) :

-               1 petit potiron de 500 gr environ

-               1 bouillon-cube de volaille

-               ½ litre d’eau

-               20 cl de crème fraîche liquide

-               1 petit oignon

-               1 cuillère à soupe d’huile d’olive

-               3 tranches de pain de mie coupées en dés et un filet d’huile de noisette

-               50 gr de lardons maigre

-               Quelques copeaux de truffe blanche à râper au dernier moment

-               Sel et poivre

Préparation :

Peler, épépiner et couper le potiron en gros dés. Eplucher l’oignon et l’émincer. Dans une casserole contenant l’huile d’olive chaude, faire revenir l’oignon, puis ajouter l’eau et le bouillon-cube de volaille. Ajouter les dés de potiron et laisser cuire trente minutes à couvert. Mixer le potiron avec l’eau de cuisson et la crème fraîche liquide. Saler très légèrement et poivrer. Dans une poêle faire revenir les dés de pain de mie avec le filet d’huile de noisettes sans les noircir ni les brûler. Dans une autre poêle sans matière grasse faire revenir les lardons. Disposer dans un bol ou une assiette à soupe les lardons et les croutons puis verser le velouté. Râper quelques copeaux de truffe blanche et servir bien chaud.

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Terrine de foie gras au porto (commencer la préparation deux jours avant)

Ingrédients (pour une terrine d’1 kg) :

-               2 lobes de 500 g de foie gras de canard, soit 1 kg

-               20 cl de porto rouge

-               10 g de sel

-               5 g de poivre

-               5 g de 4 épices

Pour les accompagnements à répartir dans les assiettes (attention, adapter les proportions ci-dessous en fonction du nombre de convives, la terrine étant initialement prévue pour 8 personnes) :

-               quelques tranches de pain d'épices

-               800 g de raisin blanc (frais ou en bocal)

-               8 cuillères à café de miel

-               16 figues

-               8 cuillères à café de porto rouge

-               4 pommes

-               8 pincées de mélange 4 épices

-               200 g de mâche (8 petites poignées)

-               120 g de pignon de pin

-               3 cuillères à soupe d'huile d'olive

-               1 cuillère à soupe de vinaigre balsamique

-               sel, poivre

-               1 bouquet de ciboulette (16 brins)

-               baies roses (48 baies roses)

Préparation :

Dénerver les foies gras. Mélanger le sel et les épices puis frotter les foies de tous côtés et arroser de porto. Laisser mariner 12h dans une terrine au frais. Placer la terrine au bain-marie et cuire au four à 120°C pendant 35 à 40 minutes. Récupérer la graisse et laisser refroidir. Mettre une planchette (avec des poids dessus) sur les foies pour que le résultat soit bien compact et que le surplus de gras n'envahissent pas les aspérités des foies, puis conserver hermétiquement 24h au réfrigérateur. Refondre la graisse récupérée et la couler sur la terrine puis laisser au frigo 24h pour que tous les arômes se développent.

Dressage de l'assiette :

Faire revenir les pommes émincées dans un peu de beurre pour qu'elles soient cuites à cœur, parsemer de 4 épices. Faire cuire le raisin à la poêle s'il est frais ou le réchauffer si c'est en bocal, et ajouter du miel. Faire cuire les figues coupées en 4 dans un peu de beurre, saupoudrer légèrement de sucre et déglacer au porto rouge. Assaisonner la mâche d'huile d'olive, de vinaigre balsamique, de sel et de pignons de pin. Faire griller le pain d'épices au dernier moment. Présenter harmonieusement l'ensemble des ingrédients. Disposer à la fin ciboulette et baies roses pour finaliser la décoration.

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Pain d'épices

Ingrédients pour 1 pain d'épices :

-               250 g de farine d’épeautre, de seigle ou bien de châtaigne

-               250 g de miel liquide

-               20 cl de lait

-               1 cuillère à café de bicarbonate de soude

-               1 pincée de sel

-               1 cuillère à café de cannelle en poudre

-               1 cuillère à café d'anis vert à broyer finement

-               2 pincées d’épices type cumin et gingembre en poudre

-               1/2 cuillère à café de noix de muscade râpée

-               2 cuillères à café de zestes d'orange confits émincés finement

-               2 cuillères à café de zestes de citron confits émincés finement

-               une noix de beurre pour beurrer le moule

Préparation :

Dans une grande terrine, mélanger le miel et le lait tiédi. Ajouter petit à petit la farine tamisée et le bicarbonate de soude. Mélanger bien et laisser reposer 1 à 2 heures au réfrigérateur. Au bout de ce temps, préchauffer le four à 165°C. Ajouter tous les autres ingrédients à la pâte. Mélanger bien. Beurrer bien et fariner soigneusement les parois du moule à cake avant de verser la pâte dedans. Faire un sillon dans le sens de la longueur. Recouvrir de papier sulfurisé et enfourner pour 45 min à 1 heure. Vérifier de la pointe d’un couteau que le pain d’épices est bien cuit, le retirer du four et le laisser refroidir. Puis tapoter et secouer le moule pour faciliter le démoulage. Démouler. Déguster froid ou légèrement tiède.

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Poularde rôtie aux fruits d'hiver

Ingrédients (pour 6 personnes) :

-               1 poularde de 2 kg

-               400 g d'un mélange de riz trois grains,

-               1 citron

-               1


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