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MaryTy

Il y a 1 an | 453 vues

LOUIS, LE CHAT QUI A PEUR DES SOURIS

 

Louis n'est pas comme les autres chats. Il est gris souris aux yeux bleus et il a de longues moustaches blanches. Tout comme les souris, il collectionne les dents, il adore les dents, c’est un fin collectionneur, il a de tout, de la cariée à la saine dent, c’est un chat qui a une particularité, il a peur des souris, depuis toujours, depuis bébé. Un chat qui a peur des souris ! Vous en connaissez beaucoup vous ? Eh bien, il y a Louis.

Louis est gourmand, il aime le chocolat mais sa friandise préférée, il est vraiment bizarre ce chat, vous savez ce que c’est ? Vous ne voyez pas ? Oui, c’est, euh non ce n’est pas cela, il aime les escargots, oui oui, vous avez bien lu il aime les escargots, tout chauds, bizarre hein ? et il aime aussi les poissons de l’aquarium de sa maîtresse. Tous les jours il trempe sa patte dans l’eau pour en attraper un et le manger. D’ailleurs, dans l’aquarium, il ne reste plus beaucoup de poissons.

Sa maîtresse, Manéa, adore les chats et les souris. Elle en a une d’ailleurs dans sa chambre, elle vit dans sa cage et s’appelle Neige. Elle est blanche aux yeux bleus, aux très longues moustaches blanches. Cage ouverte, elle sort tranquille de son abri quand elle veut puisque Louis a peur. Pas de soucis à se faire. Manéa quant à elle, confiante, se dirige comme d’habitude, en laissant Neige seule avec Louis, vers la cuisine prendre son petit déjeuner.

Quand Louis croise Neige, qui décide de se promener, son sang ne fait qu’un tour, il ressent un dégoût si profond qu’il en a des frissons, sur tout le corps, son poil s’hérisse et il court se cacher en dessous du lit. Neige le nargue et le taquine avec sa longue queue « na na tu n’es pas un chat ». Il déteste les souris, en particulier celle là, il n’aime pas leurs dents pointues et leurs longues queues.

Elle continue à le narguer et se sent intouchable quand soudain, sans s’y attendre, Louis, qui en a marre,  mais pour qui elle se prend celle là, lui saute dessus. Là voilà qui se retrouve dans sa gueule, couinant. Elle se débat, il l’a sent bouger dans sa gueule, « pouahhh », écoeuré, la recrache, « tu as mauvais goût », je préfère les souris au chocolat.

Elle tombe au sol, sans la moindre égratignure, fière de ne pas sentir le chocolat et décampe à toute vitesse avant qu’il ne change d’avis et se planque dans un trou de souris, en dessous du lit. « Gros bêta » lui dit elle en le narguant encore.

Mais que fait sa maîtresse ? il n’en peut plus de cette souris. Neige, elle, elle n’en peut plus de ce chat, elle veut retourner dans sa maison, regagner sa cage, elle a soif mais Louis, impassible, la guette, il n’a pas bougé d’une moustache. Elle est convaincue que cette fois-ci, si il l’attrape, il la croque et elle a bien raison, Louis en a plus qu’assez de ses  moqueries. Elle va voir si je suis un chat qui a peur, je vais lui montrer qui est le plus fort ici, mais au fond de lui, il est écœuré, il la trouve si laide,si repoussante, il a encore des frissons.

Soudain, elle lui propose un deal.

Cela est difficile pour elle car elle aussi elle aime les dents, elle en a d’ailleurs fait son commerce mais bon elle lui propose quand même. « Ecoute Louis, tout comme moi, tu collectionnes les dents et je sais que tu les adore, moi je les collectionne depuis toute petite, c’est une affaire familiale, nous nous déplaçons dans les foyers où les enfants ont perdu une dent, tu imagines le travail ? il y a beaucoup d’enfants qui perdent des dents, imagine ma collection ». « Toi, tu ne fais que récupérer celles que je fais tomber, tu ne te déplaces même pas, tu récoltes. Facile. Tu es en fait un collectionneur de ma collection, tricheur. Et effectivement, tu dois en avoir beaucoup vu ce que je récolte. « Viens-en aux faits » lui dit Louis, un brin agacé, griffes sorties au dehors.

« Je sais qu’il t’en manque une et je l’ai, je te la propose, elle est magnifique, une belle et grosse dent, une molaire de 2006, en plus elle est rare, c’est une pièce de collection, c’est en plus celle de notre maîtresse, elle ne le sait pas, je lui ai prise sous l’oreiller pendant qu’elle dormait, et toi aussi, elle est toute blanche, toute propre et sans carie, ça te dit ? ».

Son sang ne fait qu’un tour, bien sûr que cela lui dit, quelle idée, une molaire, il en a pas de 2006, elle sera parfaite pour sa collection, et en plus de sa maîtresse,  « Je t’écoute dit il, que dois je faire ?, enfin je devine ».

« C’est ca tu as compris. Tu me laisses retourner dans ma cage et en échange je te donne la dent ». Louis n’hésite pas une seconde, entre une dent et une souris, son choix est vite fait. « D’accord lui dit il en se frottant les moustaches entre ses pattes mais fait vite car j’ai une folle envie de te transpercer de mes griffes, fait vite avant que je ne change d’avis ».

Un « Gloups » se fit entendre. Aussitôt dit, aussitôt fait, sans réfléchir, sans la moindre hésitation, Neige se précipite vers sa cage à une vitesse que Louis ne l’a même pas vu passer.

Schlark, la porte de la cage se ferme, elle a d’ailleurs mit le loquet. Elle se planque dans sa maison sous la sciure et attend.

Furieux, Louis lui dit « et ma dent ? ». « Par terre gros bêta, par terre, je n’ai qu’une parole ». Effectivement, elle a qu’une parole.

Louis la voit, elle est magnifique. Elle brille tellement elle est blanche, une belle pièce. Il la prend de sa patte droite et l’admire patte en l’air à travers jour. Heureux, il la dépose dans sa cachette.

« Merci vieille rate ». Vexée, elle enfonce sa tête et ses grandes dents dans la sciure.

La porte de la chambre s’ouvre, Manéa fait son retour. Elle chante. Neige est rassurée, elle sait qu’elle ne risque plus rien, pour l’instant. Que de désordre dans sa chambre se dit la jeune maîtresse, mais que s’est il passé ! Elle regarde Louis et Neige et se pose une question, elle se dit que ce n’est pas possible, ils se sont toujours entendus, mais bon la porte de la cage est tout de même fermée, bizarre. Sans se préoccuper plus que cela, elle reprend sa chanson et fredonne à tue tête : « une souris verte qui courait dans l’herbe, je l’attrape par la queue, je la montre à ces messieurs, ces messieurs me disent, trempez là dans l’huile, trempez là dans l’eau, ca fera un escargot tout chaud… ».

Et là, Louis, en entendant le mot escargot, en plus tout chaud. Il se dresse de tout son corps droit comme un piquet, les moustaches à l’horizontale toutes étirées, les oreilles bien droites, une orientée plein nord et une orientée plein sud, attend que sa maîtresse lui donne un escargot tout en guettant du coin de l’œil, la vilaine souris. Rien. Il est déçu.

Soudain, Manéa, ouvre la cage avant de retourner dans la cuisine sachant que rien n’arrivera à Neige, « à tout à l’heure ma belle ». « Sois sage Louis ». Il sourit.


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