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En guise de voeux
Je suis le jour de l’An.
C’est-à-dire « le premier jour de l’an nouveau »
Comme c’est trop long, on dit « jour de l’An »
On me fête le 1er janvier.
C’est l’hiver.
Il fait froid, il fait sombre, il fait gris
Le 1er mai a plus de chance
Soleil, défilés, muguet
Chacun fait ce qu'il lui plaît
Et le printemps rend les femmes encore plus jolies
Le 1er avril est un farceur
Il raconte des histoires qui finissent en queue de poisson
J’évite le 1er septembre
Il me traite d’usurpateur
Prétend que le vrai jour de la rentrée, c’est lui
Et chaque année, fait circuler une pétition réclamant ma destitution
Je n’aimerais pas être le 1er novembre
Jadis il ne gérait que les saints (un pour chaque jour de l’année, c’était jouable)
Depuis qu’on lui a collé les âmes de tous ceux qui doivent la rendre bon gré mal gré
Il peine
Guerres, attentats, inondations, incendies, famine, sans-abris
Chaque jour la liste s’allonge
Sans compter les migrants qui s'obstinent à marcher sur l'eau
Et les concours de génocide entre dictateurs soucieux de laisser leur nom dans l’histoire
Alors malgré l’hiver, le froid, la grisaille
Je me console d’être le 1er janvier
Les rues sont illuminées, les magasins clignotent
Les yeux brillent, les marchands sont contents
Chacun embrasse n’importe qui
Et j’ai des guirlandes autour du cou
Il est prévu que je revienne l’année prochaine
Enfin, si mon contrat est reconduit
Le temps est à la prudence
Le réchauffement climatique s’accélère
Les glaces fondent
Les forêts disparaissent
Les mers s’asphyxient
Les terres se dégradent
L’air s’encrasse à la vitesse d’une formule 1
J’évite de faire des projets à long terme
C’est pourquoi je réponds poliment :
Bonne année à vous aussi
Chabada (Jacques Koskas)