Il y a 1 an | 482 vues
Vive les textes comiques, façon Les Vamps !
La ressemblance est volontaire, mais l’intrigue réserve quand même des surprises inattendues. Je vous mets un extrait ci-après. Le texte complet Clarice et Maria, vieillesse comique est disponible en e-book sur le site de la fnac.
MARIA, se mettant à table
Je m’assoie, la tête me tourne. Mes matinées sont plus calmes à l’accoutumée.
CLARICE
Ah bon ? Vous avez pourtant coutume de me dépeindre votre vie comme une succession d’aventures trépidantes et mouvementées. Vous me mentiez donc ? C’était une mise en scène pour vous mettre en valeur ?
MARIA
Ne rêvez pas ! C’est juste un effet de la gueule de bois que je vous dois. Il faudra d’ailleurs que je prépare des fers chauds pour vous punir.
CLARICE
Assumez donc vos actes et cessez de comploter des châtiments corporels, lesquels sont interdits en droit français je vous l’indique.
MARIA
Je n’ose imaginer quelles sont vos sources juridiques… Le courrier des lecteurs d’Ici Paris je présume. (Après avoir soupiré.) Je me sens faible, il me faut un en-cas sur-le-champ. (Elle attrape le sac apporté par Clarice.) Je mets une option sur les restes que vous avez amenés pour vous faire pardonner votre négligence informatique. Votre chapon aux écrevisses me tente, même si je suis sceptique sur une telle association. (Elle déballe et fait une mine stupéfaite.) Mais, ce sont mes boudoirs, et dans quel état ! Vous les avez mixés ma parole…
CLARICE
Le transport les aura abîmés certainement. Ce sont là en tous cas les seuls restes. Les autres plats ont eu grand succès, vous n’imaginez pas. Vous avez curé jusqu’à la sauce à l’anis, qui ne contenait pourtant point de pastis… Après ça, votre préparation farineuse a calé tout le monde, allez savoir pourquoi…
MARIA, très surprise
Comme je sais que vos dents ne sont plus guère bonnes à broyer, j’avais pourtant veillé à ce qu’ils imbibent longtemps mes biscuits.
CLARICE
Comme vous hier au soir ! Et comme eux, vous êtes à ramasser à la petite cuillère…
MARIA
À la louche, je vous ai dit. (Puis, un instant après.) Mais que vais-je bien pouvoir manger ?
CLARICE
Vous devez bien avoir quelque chose qui traîne dans votre frigo…
MARIA, sur un ton presque méprisant
Ne me comparez pas à vous, je vous en supplie. Je ne fais pas moisir des vieilleries, pour ne pas les jeter.
CLARICE
Bien sûr, vous engloutissez tout !
MARIA
S’il me restait quelque force, je vous donnerais bien un coup de louche.
CLARICE
Toujours la violence physique, c’est votre seule réponse. Comme c’est lassant.
MARIA
Vos remarques faussement réfléchies n’intéressent personne et n’ont pas d’effet nourrissant. Autant vous en passer. (Se grattant la tête, puis le ventre.) J’ai vraiment de plus en plus faim.
CLARICE
Vous devez bien avoir quelque chose qui traîne dans votre frigo…
MARIA
Je crois bien que vous radotez ; ça devait arriver un jour, et c’est pour ce matin.
CLARICE
Vous deviez bien avoir prévu quelque chose pour ce midi ?
MARIA, se grattant encore la tête
Du boudin et de la purée, mais je n’en ai guère envie, sans pouvoir l’expliquer.
CLARICE
Je ne sais pas pourquoi, mais je vous comprends parfaitement. (Puis se grattant la tête.) Moi qui voulais m’inviter chez vous ce midi, ce sera pour une autre fois !
MARIA
Ou jamais, allez savoir…
CLARICE
Sur ces gentilles paroles, je vais y aller. J’ai des courses à faire, et votre gros billet à dépenser.
MARIA
Toujours vos achats dispendieux à mes frais… L’assistanat social commence sérieusement à me donner des aigreurs. Je vous l’ai déjà dit, je songe vraiment à l’exil fiscal.
CLARICE, sur le départ
Vous radotez donc vous aussi. Je prierai pour que ce ne soit pas trop grave… (Elle sort.)
MARIA, faisant porter sa voix
C’est ça ! Invoquez le bon Dieu, ça vous occupera…
17/01/2023 17:05
Elles ont de la gouaille tes vieilles !