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Il y a 1 an | 200 vues

OUTAOUAIS (Page Comann : Ian Manook, Gérard Coquet)

1847 : « Serait-il préférable de mourir ici, pendu sur cette terre d’Irlande, plutôt que d’errer seul dans un monde inconnu ? » c’est la question que se pose Martin Sullivan à la page 37 de ce roman d’aventures fabuleux que j’ai dévoré (grand merci Nathalie). Le Nouveau Monde, à portée d’Océan, pour reconstruire et/ou se faire oublier, c’est le choix de Kate et de Martin.  Outaouais, région des lacs et des forêts, où tout est à défricher et tout à découvrir : » C’est rude, les tribus indiennes sont mal embouchées, mais mieux vaut se coltiner un Indien fourbe qu’un Irlandais en rogne » (page 100) et l’aventure commence à double titre, celui de l’écriture, celui de l’histoire.

L’écriture fait partie du voyage, elle colle à une toponymie insolite [L’abord-à-Plouffe la Côte de l’Allégresse, les chutes –de-la-Chaudière, la Grange aux Ours, la Taverne de la Petite Cochonne, la rivière la Rouge, des Mille îles, du Lièvre, le lac du Poisson-Blanc Sainte-Madeleine-de-la-rivière-Madeleine...]qui donnent envie d’aller y voir,  des patronymes atypiques [la Vermine, Lachance, Lajoie, La Louche,  Tite-Fouine, Piquet, L’Enclume…] qui brossent à eux seuls des portraits vivants,  des potions indiennes [tanin de faînes, racine d’aconit, baie d’actea, eupatoire rugueuse]aux effets mystérieux, mais aussi de la poésie [ Les nuages ont des gueules d’ours et vont baver de pluie pendant des jours] et des dictons du cru comme celui-ci [A cheval donné, on ne regarde pas les dents]. Un style qui claque et emporte. Je me suis régalée !

L’histoire tient en haleine tout au long des 448 pages. De la castagne, des enlèvements, la mort mais aussi l’amour, c’est ce qui guide Martin qui devient Soulevent. Des femmes [Sinéad, Kate, Apolline, Odahingum] émaillent son parcours. On découvre le miracle du bois carré, l’univers âpre des camps des forestiers. Les hommes  paient de leur vie ou de leurs membres, les fortunes de pins et de chênes qui descendent des rivières. On se familiarise avec les draveurs qui cavalent sur les pitounes, les cageux et leurs longs radeaux de bois, tous remplissent des coffres de pièces d’or dont ces braves ne profiteront jamais. C’est une lecture riche et exaltante, qui jusqu’à la fin réserve des surprises. Venez en OUTAOUAIS , vous ne le regretterez pas !

*  Un seul petit bémol : j’aurais bien aimé trouver une carte dans les pages du livre pour suivre l’itinéraire ;))) C’est une région administrative du Québec, au Canada, sur la rive nord de la rivière des Outaouais, partageant une frontière avec l'Ontario.

 


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