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Nathavh
Expert

Il y a 1 an | 151 vues

Sur la terre des vivants - Déborah Levy Bertherat

C'est le 26 janvier 1903 qu'Irma, la petite dernière de la famille voit le jour, à Hambourg, à l'Altenhaus, un asile de vieillards que gèrent Elkan et Fiete Ley, ses parents. Un hospice qui est aussi l'entrée du petit cimetière juif dont son père est gardien et est en charge également d'accompagner les défunts.


 

C'est dans cet endroit, qu'Irma, la rebelle va grandir avec ses frères et soeurs : Manfred, Kurt, Senta et Edith.


 

Irma, au physique un peu ingrat est différente; rebelle, espiègle, elle va mener une vie hors du commun, refuser de suivre les traditions et conventions juives.


 

La légende familiale dit qu'elle aurait suivi volontairement sa mère au camp de Theresienstadt et en serait sortie vivante..  Déborah Levy-Bertherat sur base d'une photo prise de sa grand-mère paternelle et de ses tantes Irma et Edith en 1972 lorsqu'elle avait 9 ans a voulu retracer l'histoire orale qu'on lui avait transmise.


 

C'est en s'intéressant à ses racines en Allemagne, en essayant de savoir s'il y avait une "Stolpersteine" - pierre d'achoppement, du souvenir - que l'autrice est entrée en contact avec Christina qui lui signalait que la ville de Hambourg détenait des documents sur sa famille - un arbre généalogique de ses deux grands-parents paternels , Levy et Fränkel - que tout a commencé.


 

Ce livre c'est l'occasion de redonner vie aux disparus de la famille, de leur rendre chair, de retrouver ses racines tout en rendant par ce témoignage la mémoire de tout un peuple.  Cette enquête est riche, travaillée.


 

Elle nous parle de femmes, de leur bravoure, du courage de celles qui soignent et réparent.


 

Ce récit nous fait revivre l'Histoire , l'horreur de cette époque, l'antisémitisme, la Shoah.  C'est toute l'histoire d'un peuple, brimé, privé, persécuté, exécuté. C'est la violence du nazisme, des camps de concentration, les horreurs d'antan mais aussi les traditions juives qui nous sont contées.


 

Irma s'engagera comme infirmière, elle ira pendant trois ans dans le camp de Theresienstadt et elle reviendra.. mais ne témoignera pas vraiment, du moins pas directement à sa petite nièce.  C'est ça aussi ce récit : la difficulté de témoigner.


 

J'ai beaucoup aimé au fil du récit le parallèle très marquant avec l'histoire de "Hippeltisch", Pinocchio.  C'est vraiment judicieux tout comme les traductions de certains mots allemands ou hébreux. J'ai appris des choses intéressantes tout en découvrant ce récit personnel qui paradoxalement est aussi universel.


 

La plume de Déborah est sensible, lumineuse.  L'écriture est très belle, riche, humble mais aussi teintée d'humour.  Elle redonne chair aux disparus et pose avec pudeur la question de l'héritage familial.


 

Ce livre est un réel hymne à la vie.


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