Les guerriers du silence - Pierre Bordage - 1993

L’histoire prend place dans un empire galactique humain, gouverné par la famille Ang depuis la splendide planète Syracusa, reine des arts. Mais le pouvoir est bi voire tricéphale car les Ang sont secondés par des éminences grises : les Scaythes d’Hyponéros, des non-humains aux terribles dons psychiques et aux origines inconnues car personne ne sait où se trouve la planète Hyponéros. Non seulement ils sont télépathes et ne se privent pas de lire les pensées de tous les humains, mais ils sont aussi capables d’effacer leur mémoire et même de les tuer par la pensée. En face d’eux, la cruelle Eglise du Kreuz tient lieu de pouvoir spirituel et ne doit son rayonnement qu’à la crainte qu’inspire le supplice des croix de feu à combustion lente auquel sont soumis les hérétiques.

On trouve dans ces mondes des humains particuliers tels les moines-guerriers de l’Ordre Absourate dont le fameux « cri de mort » ferait d’eux le dernier rempart de protection de l’Empire, ou encore la secte des mercenaires de Pritiv aux bras greffés de lances-disques meurtriers et constituant la véritable armée des Ang. Des légendes parlent aussi des très anciennes sciences inddiques qui permettraient d’atteindre un silence intérieur total, lieu de toutes les potentialités, de communiquer mentalement dans ce silence et de voyager sur ses pensées ; il ne resterait dans tout l’univers recensé, que trois maîtres des sciences inddiques, veillant à l’équilibre des pouvoirs…

Cet équilibre, justement, est menacé par l’emprise croissante des Scaythes qui obéissent à un Plan dont on ignore le but ultime. Ils sont en train de rechercher les trois maîtres des sciences inddiques pour les faire disparaître.

Le jour où Tixu Oty, employé d’une agence de voyage par dématérialisation-rematérialisation sur la planète Deux-Saisons, accepte de transférer gratuitement une belle syracusaine en fuite, il ignore que cela le conduira à devenir l’un des douze guerriers du silence qui tenteront de sauver l’humanité de l’effacement. Car cette jeune femme n’est autre que la fille de l’un des trois maîtres qui vient d’être assassiné.

On va donc les accompagner dans leur construction d’une résistance, découvrir les parcours de ces douze guerriers du silence porteurs du « Souffle de Vie », et pénétrer les complots ourdis par les différentes factions en présence.

Ce qui m’a plu : le foisonnement des univers, la richesse psychologique des personnages, la finesse d’analyse des faits de sociétés et des constructions des destinées.

Ce qui m’a un peu agacé : le choix systématique d’un vocabulaire visant, soit à dépayser le lecteur, soit à évoquer des similarités avec notre monde actuel : « n’importe quel mihomibête du Gétablan aurait envie d’imiter les syracusains… », « le papiduc, vaisseau du viduc Papironda », « la planète Jer Salem du peuple élu » … mais ce n’est qu’un bémol car j’ai vraiment beaucoup aimé ces livres.

Si vous avez lu cette trilogie n’hésitez pas à faire des commentaires car je serais bien curieux de savoir ce que vous en avez pensé !