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Il y a 1 an | 163 vues

Un long, si long après-midi (Inga Vesper)

Un long, si long après-midi (Inga Vesper) aux éditions de La Martinière

Oui, j’ai eu envie de reprendre les paroles de la chanson de Julien Clerc pour évoquer ce roman particulier qui dénoue les circonstances et mobiles d’une disparition.  Tout d’abord, parce que les palétuviers somnolents et le parfum de la cannelle offrent une image idyllique et formatée de ce qui semble être l’univers de vie d’une femme blanche américaine au foyer. On est en 1959, dans le district de Santa Monica. Le rêve américain cadre la réussite et le bonheur du couple, celui de Joyce et Franck Haney avec leurs filles Barbara et Lily: jardin bien tondu autour de la maison, cuisine moderne bien équipée, intérieur tenu par une domestique afro-américaine , Ruby (Rubis ?) qui n’a de richesse que son joli prénom , sa beauté et son intelligence.

Seulement, voilà que la première phrase de ce livre « Hier j’ai embrassé mon mari pour la dernière fois » ternit à tout jamais l’horizon, et « la Californie devient une frontière entre mer et Terre », Joyce doit choisir entre « le désert et la vie ». Des métaphores qui collent au destin sensible de Joyce .J’ai été émue par ce personnage féminin ne s’accommodant pas de sa cage dorée aux yeux des autres, qui n’est qu’un douloureux enfermement soutenu par moult prises de tranquillisants et des rêves inassouvis, comme celui de peindre. Joyce disparue,  un terrible secret reste à découvrir.

Michael Blanke, l’inspecteur de police trouve une alliée en la personne de Ruby et de  Geneviève Grane, présidente du Comité des Femmes pour le Progrès de Sunnylakes . Son point de vue d’homme et de policier se trouve confronté à  un univers de femmes qui peinent à s’épanouir sous le vernis asphyxiant des non-dits et des faux-semblants où couvent aussi la jalousie, l’infidélité. La construction du roman prend corps autour de chapitres égrenant chaque protagoniste de l’histoire, avec en fil rouge les pensées de Joyce au cours de ce long, si long après-midi précédant sa disparition. L’enquête nous emmène sur des chemins de traverse, ciblant des coupables potentiels, mais heureusement Ruby a l’œil et le bon ! Du cœur, aussi, à vouloir prendre grand soin du gros pot de géraniums que Joyce arrosait avec persévérance.

La Presse Anglaise a élu ce roman, un des meilleurs de l’année 2021, je pense qu’il traversera les années avec succès de par son sujet : la lutte pour l’égalité des femmes et des afro-américains. Il faut veiller à garder ce qui a été durement acquis, les héroïnes d’Inga Vesper sont bouleversantes de vérité, je vous invite vraiment à les rencontrer, mais ne vous dévoilerai pas l’issue de cette enquête.409 pages à rebondissements à dévorer !

 Un grand Merci au PLOUF PLOUf Day qui m'a permis de découvrir ce roman attachant.

 


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