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TamIsReading

Il y a 1 an | 172 vues

Un voyage d'Alep à Londres, au plus profond des atrocités humaines

Nuri est apiculteur à Alep, ville de lumière et de beauté, Afra sa femme, est une artiste, peintre de profession. Le couple vit avec leur petit garçon Sami.

Dans leur jardin à Alep, l’air embaume le Jasmin, Sami joue près du citronnier, une odeur de Kawaj dans la cuisine,  le goût du miel à l’eucalyptus et à la lavande sur les doigts. 

La guerre éclate, Nuri perds toutes ses ruches, l’inimaginable se produit et il est temps de fuir. 

Afra blessée jusqu’aux tréfonds de son âme ne veut pas quitter Alep. Alep et ses dômes de couleurs, Alep et la musique dans les rues, Alep et l’odeur du désert, Alep et ses cendres.

Pourtant, il est temps de partir. L’âme mortifiée, le corps meurtri, les souvenirs omniprésents, Nuri et Afra partent pour le périple d’une vie. D’Alep jusqu’a Londres, en quête de liberté et de sécurité, ils devront apprendre à laisser derrière eux tout ce qu’ils ont aimés. 

« J’ai peur des yeux de ma femme. Rien n’en sort, rien n’y entre. Ce sont des pierres, des pierres grises, des pierres marines. »

D’une plume sensorielle, Christy Lefteri nous embarque pour un voyage d’Alep à Londres, en passant par les eaux troublées de la Méditerranée et les rues mal famées d’Athènes. 

Le récit oscille entre Nuri et sa femme en Angleterre dans l’attente de leur demande d’asile et la vie d’avant, celle à Alep, celle des beaux jours, des thés entre amis à l’ombre des abricotiers, de la souffrance et de la perte. 

L’Apiculteur d’Alep, c’est le récit d’un homme prêt à tout pour sa femme, c’est le récit d’Afra qui ne voit plus ce qui est, c’est le récit de Nuri qui voit ce qui n’est plus. 

En mêlant le passé et le présent, l’autrice nous plonge dans les pensées les plus intimes de Nuri, on souffre avec lui de la perte de son pays, nous sommes nous aussi submergés par ses sentiments pour Afra, nous fermons nous aussi les yeux au souvenir de Sami. 

Sans violence à outrance, sans détails morbides, d’une écriture simple, les horreurs sont implicites et nous écorchent le coeur à chaque passage. Christy Lefteri aborde sans artifices les meurtres, les viols, la pédophilie, les horreurs de la guerre qui tapent à chaque coin de rue. 

L’Apiculteur d’Alep de Christy Lefteri, est le cri saisissant de ceux qui souffrent, de ceux qui ont peur, de ceux qui ont de l’espoir, de ceux qui en ont trop vus. Lecture intemporelle, l’oeuvre nous met face à la réalité de ceux qui ont tout quitté pour un avenir meilleur, en quête d’un Ailleurs difficilement atteignable. Christy Lefteri nous rappelle que derrière chaque visage, se trouve une histoire, des souvenirs et des aspirations. 


 


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