MAMIE LUGER Benoît Philippon

102 ans et toujours de l’énergie pour croquer la vie, Berthe Gavignol, paysanne auvergnate ne se laisse pas abuser par les hommes, elle réussit même à embobiner les policiers lors de son interrogatoire où elle raconte « une vie- la sienne- résumée en une journée, en une garde à vue » , des aveux décapants ! Dommages collatéraux liés à son grand cœur dans la fuite de deux tourtereaux poursuivis pour meurtre qui, bien vite, dévoilent qu’il est question de dénoncer les violences faites aux femmes.

Le titre du roman campe à merveille le personnage qui n’est autre qu’un sérial killer en jupons. On craque pour cette mamie qui a la gâchette facile et des cadavres non pas dans le placard mais dans la cave. L’inspecteur de police André Ventura n’a jamais rencontré pareille affaire explosive ni pareille justicière symbole d'un féminisme à toute épreuve . 

Le viol, les coups, les abus sexuels, le mépris, la xénophobie, Benoît Philippon saisit tous ces sujets pour faire de Berthe, un être redoutable, une femme émancipée, brute de décoffrage , mais pleine d’amour qui demeure attachante. 

Les dialogues sont parfois crus, le style pétille de jeux de mots, de références en clins d'œil,  avec quelques moments de grâce quand Mamie oublie son Luger pour laisser battre son cœur. La  construction qui mise sur une alternance interrogatoire/retour sur les faits offre un bon rythme, c’est aussi captivant qu’émouvant, cyniquement désopilant, littérairement croustillant.

J’avais lu « Petiote » du même auteur , Nathalie et Tofpolar m’ont mise sur la piste de Mamie Luger et je les en remercie. J’ai beaucoup ri 😁