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domyno66
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Il y a 1 an | 75 vues

Les histoires du dimanche soir de mamy Do... (2)

Mais tout d’abord, en premier lieu, avant même de parler de rentrée, il faut que je vous raconte ce qu’Albert et Merlin ont fait au cours de l’été. 

Merlin a fait exactement ce qu’il avait annoncé. Vous vous en souvenez peut-être ? Merlin avait dit qu’il ne prendrait pas de vacances. Merlin avait prévu de passer l’été à préparer ses prochains voyages avec Albert, des voyages au cours desquels tous deux partiront découvrir les planètes de notre système solaire et celles des autres systèmes solaires, celles qui gravitent autour des étoiles que nous voyons briller la nuit, au lointain, dans le ciel. Merlin a passé tout l’été à construire une fusée spatiale et spéciale. Entre nous, je peux déjà vous assurer que sa fusée est vraiment réussie. Albert ne l’a pas encore vue. Personne ne l’a vue. D’ailleurs, à part Albert et nous, personne n’est au courant. Personne ne sait que Merlin a fabriqué une fusée spatiale et spéciale pour voyager dans l’espace et partir visiter les galaxies proches et lointaines, découvrir des planètes que personne ne connaît, des planètes sur lesquelles aucun être humain n’est jamais allé. En tout cas, je peux vous assurer que Merlin est impatient de partir en voyage avec sa fusée. Et je peux aussi vous assurer qu’Albert est impatient de voir cette fusée.

Au fait, qu’a fait Albert au cours de l’été ? Albert est parti en vacances avec Alice, André, Annabelle, Angel, Yakov, Zado, l’homme Champignon, le poussin Poussinet… le gentil chien Zeus… et Voltorbe. Ils sont partis tous ensemble au camping, d’abord, pendant une semaine, un camping près de la mer, puis, pendant une seconde semaine, un camping à la montagne. Le reste du temps, Albert et Alice ont fait quelques travaux dans leur logement, des travaux d’amélioration, de peinture et de remplacement des tapisseries. 

Mais désormais, les vacances sont finies, achevées, terminées. Aujourd’hui, c’est la rentrée et le grand départ. Ce soir, pour la première fois, Albert et Merlin vont s’envoler dans l’espace à bord de la fusée spatiale et spéciale. 

Merlin est chez lui. Il a fini de faire les dernières vérifications et les derniers réglages sur la fusée. Il attend Albert. Il lui a donné rendez-vous à huit heures du soir très précises. Quelle heure est-il ? Il est justement huit heures. Albert arrive chez Merlin. Il est pile à l’heure. C’est parfait. Albert actionne la sonnette (bruitage). Merlin demande :

« C’est toi, Albert ?

- Oui, c’est moi.

- Alors, entre, entre vite. La porte n’est pas fermée à clef. Viens me rejoindre. Je suis dans la cuisine. »

- Dans la cuisine ? Mais que fait Merlin dans sa cuisine à huit heures du soir ? se demande Albert. A cette heure-ci, Merlin devrait être près de la fusée, prêt pour le voyage.

Albert pénètre dans la cuisine et découvre Merlin portant un tablier de cuisine. Merlin est en train de préparer des sandwichs : « C’est pour emporter, annonce-t-il. C’est pour le voyage. Nous devons emporter de quoi manger et des bouteilles d’eau. Nous en aurons bien besoin. »

Albert sourit et répond : « Je vois que tu n’as pas changé. Tu penses toujours à tout, Merlin.

- Tu veux manger quelque chose, avant le départ ? questionne Merlin.

- Non, merci, répond Albert. J’ai déjà mangé et… je préfèrerais aller voir la fusée.

- Encore un peu de patience, dit Merlin en souriant. Cela ne va plus tarder. »

Merlin dépose les derniers sandwichs dans un grand panier, retire son tablier de cuisine, se lave les mains, enfile son grand manteau bleu et son chapeau assorti, avant de lancer :  « Je suis prêt. Allons-y. Suis-moi. »

Merlin sort de sa maison et se dirige vers le grand garage dans lequel il réalise toutes ses expériences, car la fusée se trouve à l’intérieur. Albert suit Merlin en silence. Les deux hommes entrent dans le local et Albert découvre la fusée : « Oooooh, qu’elle est belle ! »

Devant ses yeux, une magnifique fusée bleue recouverte d’étoiles dorée. La fusée n’est pas bien grosse. Elle a à peu près la taille d’une voiture. Albert fait le tour de la fusée. On dirait qu’il cherche quelque chose. Merlin lui pose la question : « Tu cherches quelque chose, Albert ?

- Oui, répond Albert, je cherche le nom de la fusée. Les fusées ont toujours un nom. Et ce nom est inscrit sur le carénage. Mais j’ai beau regarder, je ne vois rien d’écrit nulle part sur celle-ci. Elle n’a pas de nom, notre fusée ? »

Affreusement gêné, Merlin, qui est devenu tout rouge, avoue à voix basse : « J’ai oublié. J’ai complètement oublié. J’ai honte. »

Albert s’empresse de le rassurer : « Mais voyons, il n’y a pas de honte à cela. Aucune raison d’avoir honte. Ce n’est pas grave du tout. Au contraire. Nous allons prendre le temps de réfléchir et nous nous en occuperons plus tard. »

Maintenant, Albert regarde à l’intérieur de la fusée, à travers le hublot. Il voit deux sièges, côte à côte. Ils sont beaux et surtout, ils ont l’air confortables. Sur le côté, il y a des ceintures de sécurité, pour s’attacher. Et surtout, partout, tout autour, sur les parois intérieures de la fusée, il y a des cadrans, des manettes, des poignées, des pédales, des tubes, des bouchons, des écrans et des lumières qui clignotent.

« Ca a l’air bien compliqué tout ça, dit Albert qui commence à s’inquiéter. Et en plus, je ne sais pas piloter les fusées, moi.

- Mais moi je sais, s’empresse de répondre Merlin. Et je t’apprendrai. Nous aurons tout le temps, une fois dans l’espace. Tu verras, ce n’est pas compliqué et comme c’est moi qui ai construit la fusée, je la connais sur le bout des doigts. Je sais exactement comment elle fonctionne. Je sais exactement comment utiliser les cadrans, les manettes, les poignées, les pédales, les tubes, les bouchons, les écrans et les lumières qui clignotent. Je serais capable de piloter les yeux fermés. 

- Bon, bon, bon, je suis rassuré, reprend Albert qui continue à observer la fusée sous toutes les coutures. Et pour fonctionner, la fusée, elle utilise quoi comme carburant ?

- Un carburant de ma fabrication, de la Merlonite.

- De la Merlonite ? s’étonne Albert. Qu’est-ce que c’est la Merlonite ?

- C’est simple. C’est une énergie surpuissante, un liquide fluorescent que j’ai fabriqué cet été, fabriqué et expérimenté ! Et il fonctionne parfaitement. J’ai fait des essais. J’ai pensé à tout. Il y a des bidons remplis de Merlonite dans les coffres de la fusée, des dizaines de bidons, alors que pour voyager d’une planète à l’autre nous n’aurons besoin que d’un seul bidon, à chaque fois : un voyage, un bidon. C’est très économique, la Merlonite. 

- Et si nous tombons en panne, demande Albert, si nous manquons de carburant ?

- Cela ne risque pas d’arriver. Nous ne risquons pas d’en manquer. J’en ai fabriqué des tonneaux entiers, des milliers de litres. C’est bien simple, ma cave en est remplie. Alors, c’est impossible de tomber en panne, de manquer de Merlonite. »

Pourtant, Albert ne semble pas rassuré par la réponse de son ami et il insiste : « Mais si ça arrivait quand même, si nous tombions en panne de Merlonite, que nous arriverait-il ? Nous serions perdus, dans l’espace. Ce serait horrible.

- Non, non, non, ça ne risque pas de se produire. C’est hautement improbable. Mais, j’ai quand même prévu une solution de secours, un carburant de remplacement, au cas où. »

Albert se sent quelque peu rassuré mais reste curieux : « Et c’est quoi ce carburant de secours ?  

- Le carburant de secours, c’est le pet, tout simplement.

- Le pet ?

- Oui, le pet.

- Je ne comprends toujours pas, s’étonne Albert en fronçant les sourcils. Tu peux être plus précis dans tes explications, Merlin ? »

Merlin sourit et montre du doigt un tube relié à un entonnoir et fixé à la paroi intérieure de la fusée : « C’est tout simple. Si pour une raison inconnue, nous venions à manquer de Merlonite, il suffirait de péter dans cet entonnoir. Le tube sur lequel est fixé l’entonnoir est relié aux moteurs de la fusée. Quelques pets suffisent amplement pour donner à la fusée l’énergie nécessaire pour parcourir la distance qui sépare la terre de la lune. Tu es rassuré, Albert ? »

Albert hoche la tête en souriant avant de répondre sur un ton serein : « Oui, entièrement rassuré… et prêt à embarquer.

- Alors, allons-y, lance Merlin. Suis-moi. »

Merlin ouvre vivement la porte de la fusée, grimpe et s’assoit dans le fauteuil de gauche. Albert le suit, grimpe à son tour et s’installe dans le fauteuil de droite après avoir refermé la porte de la fusée.

Voilà qu’une lampe rouge se met à clignoter. Au même moment une voix virtuelle annonce : « Portière mal fermée. Danger. Problème de fermeture de la portière. Danger. Veuillez refermer la portière. Danger. »

Albert se lève, rouvre la porte et la claque avec vivacité. C’est bon ! La lumière rouge s’éteint et la voix métallique retentit à nouveau : « Portière bien fermée. Plus de danger. La fusée peut démarrer. »

Merlin pose le casque sur sa tête et fait signe à Albert d’en faire autant. Puis, il actionne un commutateur sur le panneau de commandes. Les moteurs de la fusée se mettent à ronronner. Les lumières intérieures de la fusée s’éteignent partiellement pendant qu’un gros phare s’éclaire à l’extérieur, à l’avant de la fusée. Merlin maintient fermement les commandes et l’engin roule jusqu’à l’extérieur du garage. L’engin avance de quelques mètres avant de se soulever en l’air. La fusée décolle, légère comme une plume. Elle s’élève dans le ciel, traverse les nuages. Merlin regarde Albert et lui dit : « Voilà, nous sommes en route. J’enclenche le pilotage automatique. Direction notre première planète. Nous devrions y arriver dans exactement quatorze jours. C’est la planète F452, la planète des fourmis à fourrure. En attendant, je crois qu’on peut en profiter pour dormir un peu. Bonne nuit, Albert.

- Bonne nuit, Merlin. Bonne nuit, les enfants… mais juste avant, je vous attends au téléphone. Peut-être aurez-vous un nom à me proposer pour la fusée spatiale et spéciale. 


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