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Nathavh
Expert

Il y a 11 mois | 110 vues

Strange - Geneviève Damas

Cela fait 5 mois que Raphaël n'a plus vu son père à cause de la pandémie.  Il est plus que temps de lui dire aujourd'hui ce qu'elle n'a jamais su lui dire : Raphaël est aujourd'hui Nora.

Une longue lettre, un grand témoignage d'amour à son père, maton qui pourtant en a vu d'autres, pour enfin lui expliquer ses souffrances subies sa vie durant.

C'est poignant, bouleversant.  Nora lui raconte ce qu'elle a toujours subi depuis l'enfance, depuis la mort de sa mère, depuis toujours, cette différence.  Cette honte, ces souffrances, insultes et j'en passe.. gardées au fond d'elle-même pour ne pas choquer ou décevoir son père adoré.

Il faut dire que vivre dans un petit village des Ardennes où tout le monde se connaît et subir le jugement de tous ne facilitait pas les choses.  Ce n'est qu'en venant à Bruxelles pour étudier le chant que peu à peu, Nora a pris conscience de qui elle était et a enfin décider de rétablir son identité.

Un récit bouleversant sur les chemins de la transition et de la difficulté qui existe encore aujourd'hui dans le regard d'autrui. L'écriture est belle, juste, prenante, bienveillante.

Indispensable ! 

Les jolies phrases


 

Il y a ce que je suis et ce que tu vois !

Mettre les gens dans des cases est absurde.

Toute la beauté, l'harmonie qui me font défaut, je tente d'en parer les autres.

La transition est un voyage, la vie aussi.  Si tu t'arrêtes, tu meurs.

Depuis l'enfance, j'aime me déguiser.  Déguiser n'est pas le mot.  Aimer, non plus.  Disons que j'ai un besoin vital et irrépressible de porter des vêtements qui me correspondent.  Des habits féminins.  Quand je les passe, comme lorsque je joue le rôle de la Marquise, je me sens à ma place.  Avec le sweat warrior que tu aimais tant et mes baskets noires, je me suis toujours trouvé à côté.

Si j'étais né dans le corps d'une femme et si je m'habillais en homme, personne ne trouverait à y redire.  Peut-être même que personne ne le remarquerait.  L'inverse est saugrenu, grotesque, laid.  Pourquoi ?  C'est le même geste pourtant.

Dans la vie que toi et moi menons, les mots manquent pour exprimer ce que je suis.  "Garçon" ne me convient pas. "Fille" est-il adéquat, si je n'en ai ni le corps, ni la voix ?  Il faut que je me trouve une langue où exister.

Elle ajoute que certaines personnes ont besoin de temps pour comprendre ce que traversent les gens comme moi ; mais, parfois, les murs sont à l'intérieur des têtes, la personne en transition s'imagine le pire et n'ose s'affirmer, alors que l'entourage est bienveillant.  


 


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