Retour
visuel principal de la chronique
Nathavh
Expert

Il y a 11 mois | 101 vues

Post Frontière Maxime Gillio

C'est au départ d'une histoire vraie que Maxime Gillio a construit ce très beau roman.  Une très belle découverte de la rentrée dans le cadre de la présélection du Prix du roman Fnac.

On va suivre le destin de trois femmes à des périodes différentes.

-  Anna Fierlinger fin 1944 vit à Priesten en Tchécoslovaquie, c'est là qu'elle est née mais elle est allemande d'origine.  Son père qui avait oeuvré pour la paix entre la communauté tchèque et allemande fut d'ailleurs lâchement abattu en 40.

- Patricia Sammer en 2006 vit à Berlin.  Elle est journaliste au Tageszeitung.  Elle écrit un livre sur la période du mur et cherche des témoignages de fugitifs qui passés à l'Ouest au prix de leur vie sont revenus à l'Est.

- Inge Oelze, la soixantaine vit à Heideneau en 2006 va nous raconter sa vie à l'est, ce qui l'a motivée à passer à l'ouest et à revenir.

Le récit est passionnant, peu à peu des liens se tissent, on s'accroche aux personnages.  L'écriture est vraiment prenante tout comme ces voyages dans le temps qui donnent du rythme au récit.  Un livre qu'on dévore.

J'aime quand un livre me donne envie de faire des recherches en parallèle, de découvrir des choses et c'est le cas ici. On parle en effet peu souvent des Sudètes, ces allemands déplacés, intégrés dans des villages comme ici en Tchécoslovaquie.  De véritables pogroms, un déferlement de haine contre eux à la fin de la guerre résonne tellement avec notre époque.  Je suis toujours sidérée par le peu d'humanité de notre société. 

On apprend aussi sur les camps qui les rassemblaient en Tchécoslovaquie et ailleurs - j'ai pensé au camp des milles décrit dans le dernier roman d'Ariane Bois "Ce pays qu'on appelle vivre" .  On ressent la haine, l'humiliation, il décrit les mauvais traitements subis, la torture uniquement sur des personnes de part leur origine sans faire la part des choses avec la réalité.

L'auteur décrit la RDA, ses valeurs au niveau du peuple, la solidarité, les privations de liberté imposées au nom d'une idéologie, j'ai pris conscience que ces gens devaient parfois attendre plus de 10 ans pour avoir le téléphone ou une Trabant, que l'orientation de leurs antennes de télé était consignée et utilisée pour les surveiller.

Un autre aspect évoqué dans ce foisonnant roman est la période activiste de la RAF, la fraction d'armée rouge vers 1977.  C'est passionnant, bien rédigé.  On le dévore.

Un excellent roman de la rentrée qui a tous les attraits pour plaire.

Ma note : 9.5/10


Alertes