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Yasei
Légende

Il y a 11 mois | 184 vues

Comment être libre d’aimer face à la loi ? Question encore d’actualité

Ellis étant pour une évolution de la société, et comme un premier pas dans la voie qu’il a choisi, souhaite écrire un ouvrage sur l’homosexualité masculine avec l’espoir de provoquer un changement sur la loi actuelle qui pénalise « les invertis » (terme utilisé à l’époque), son choix de collaborer avec Addington s’explique par les travaux de celui-ci allant dans le sens de ses recherches.

En parallèle de ce projet, on découvre qu’Ellis a un rapport compliqué à la sexualité, il se cherche, et son mariage avec Edith - qui aime les femmes - sera source d’instabilité dans sa quête.
Addington aime les hommes et se protège derrière son mariage. Après beaucoup de souffrance et de frustration, sa rencontre avec Franck va bouleverser ses choix et être une des clefs qui va l’impliquer passionnément dans son projet de livre avec Ellis.

Ce roman a beau se dérouler à la période victorienne, il est clair qu’à cette époque, le regard porté sur l’homosexualité - considéré alors comme un délit - peut se superposer à celui d’aujourd’hui, car il n’est toujours pas totalement exempt de clichés, de violences ou encore de dégoût. 
On appelle cela : discrimination, homophobie ; en 2023 on en est encore là, à la honte, au rejet, aux thérapies de conversion, à l’interdiction dans certains pays sous peine de prison ou pire, de peine de mort…

Tom Crewe propose dans son ouvrage une audacieuse histoire autour d’évènements et personnages historiques, l’auteur jongle librement avec les faits passés réels et la vision qu’il se fait de l’évolution des protagonistes au travers de leurs épreuves.

On ressent beaucoup d’émotion face aux dilemmes qui vont s’imposer à nos deux militants, ainsi que face à la détresse qui les assaille souvent, que ce soit Addington coupable vis-à-vis de sa femme ou dans sa rage de vouloir vivre comme tout le monde, ou Ellis désemparé devant le couple qu’il forme avec Edith ou quand il subit sa timidité maladive.

Les scènes de sexe ne sont pas gratuites, elles représentent selon moi la frustration et le sentiment de faire quelque chose de mal dans un acte pourtant naturel qui devrait être source de plaisir épanouissant uniquement, ce sentiment de normalité a été volé à John - et à Franck - jusque dans l’intimité la plus profonde.

C’est avec un sentiment d’espoir que j’ai fermé le livre, car je sais comment la société a évolué depuis (même si le combat n’est pas fini !), mais j’ai ressenti aussi beaucoup d’empathie et de peine pour ces hommes et femmes.
Ce gâchis ne pourra pas être rattrapé, mais l’histoire est là pour nous rappeler qu’il y a eu des militants qui, avec de simples mots sur des livres, prenaient des risques pour leur vie afin de défendre des droits aujourd’hui majoritairement reconnus.


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