MARZAHN MON AMOUR Katja Oskamp

Depuis le printemps 2015, elle a soigné environ 3800 pieds  soit 19000 orteils. Elle a tenu tous ces doigts de pieds entre son pouce et son index. Mais pas seulement ! Katja la pédicure a observé, écouté, choyé ses clients . Laissant derrière elle un passé d’écrivaine , à un entre deux âges où elle se sent devenir invisible, elle  se lance dans la pédicurie, apprend par cœur le nom des 28 os du pied, ses déformations, la structure de l’ongle et comment une thrombose se forme . Elle se familiarise très vite avec les instruments, les protocoles, les règles d’hygiène.

Elle nous brosse avec beaucoup d’empathie des portraits de gens ordinaires extraordinairement touchants et derrière se profile le contexte économique difficile de la RDA avant et après la chute du mur. Le ton est factuel et juste, sans pathos excessif, les conditions de vie de tous ces gens, souvent âgés et malades trouvent à se nicher dans une petite bulle de douceur sous les mains de Katja. La succession de ces chapitres pourrait paraître répétitive, mais, Non ! On a hâte de découvrir un autre destin , ils sont tous différents, presque résignés, mais fortement ancrés dans la vie. Ceux qui m’ont le plus émue, ce sont Herr Paulke et Gerlinde Bonkat, je vous laisse les découvrir.

Ce livre fait partie de ceux qui attirent le regard et la main par son format un tout petit peu plus grand qu’un poche)  , le rabat de la couverture et le papier, un peu jauni, le grammage lisse des pages, c’est très agréable à la lecture. Le packaging des livres, parfois, on l’oublie et pourtant, c’est important et celui-là est séduisant autant que pour toute l’humanité qui plane dans le texte. Le sujet est on ne peut plus original et les personnages sont très attachants. Je recommande.