Loire, un Davodeau tout en subtilité

Louis reçoit un jour une invitation de Agathe, un amour de jeunesse dont il n'avait plus eu de nouvelles depuis longtemps mais dont il garde un souvenir ému. Il prend donc quelques jours pour rejoindre son amie dans la maison qu'ils ont occupée au bord de la Loire. Ce retour aux sources ne se passera pas comme prévu. Car Agathe s'est montrée plutôt facétieuse ...

Etienne Davodeau fait mouche avec ce roman graphique. Ici le temps s'arrête, et c'est un tour de force car de temps, il n'est question que de cela dans ce livre subtil, dans lequel on suit les réflexions des protagonistes sur la vie, l'amour, les liens qui unissent les hommes et les femmes, le respect de la nature. Le temps s'arrête durant ces quelques jours au bord de l'eau, avec ces discussions sur tout et rien, autour d'un verre ou d'un arbre. Le temps se contracte également avec ces rencontres avec des enfants qui font ressurgir de vieux souvenirs. On pense à Portugal de Pedrosa dans cette fiction qui pourrait presque prendre un tour familial. 

Et la Loire dans tout cela ? Le fleuve est tout à la fois un décor, un personnage, la figure omniprésente qui s'écoule lentement, familière et sauvage. Etienne Davodeau fait évoluer ses personnages dans de superbes paysages dessinés à l'aquarelle, ose de nombreux silences qui sont autant de respirations et d'invitations à se concentrer sur l'essentiel, la beauté de ce qui nous entoure et, en filigrane et sans lourdeur, sur ce que nous détruisons. Il y a dans ce superbe Loire des soupirs, des larmes, des rires d'enfants, de la complicité. De la vie.