Retour à l'espace passion
visuel principal de la chronique
Jujudu78

Il y a 6 mois | 138 vues

Une soeur (Bastien Vivès, Casterman) : délicieuse madeleine de Proust

J'ai envie aujourd'hui de chroniquer un livre de Bastien Vivès. Pas le Vivès qui se fourvoie dans des défouloirs borderline (ou pas, la justice tranchera) ou qui s'en prend grossièrement à des autrices féministes. Mais plutôt le Vivès qui, dans sa production plus classique, ne cesse de questionner les ressorts du désir, de l'attirance entre un homme et une femme (Le Goût du Chlore, Le Chemisier), un prof et son élève (Polina). Une Soeur, paru en 2017, m'a fait l'effet d'une gifle.

 

Le pitch ? Antoine passe ses vacances en Bretagne avec son petit frère et ses parents. Il rencontre Hélène, la fille d'une amie de sa mère. Elle a 16 ans, il en a 13. Le rapprochement de ces deux adolescents sera le fil conducteur de l'histoire. 

Épure, fluidité des mouvements, tout Vivès tient dans ce superbe roman graphique. Mais ce qui est très fort ici, c'est cette science du cadrage qui dirige le lecteur vers ce que l'auteur veut montrer ou suggérer et nous rend presque acteur de l'histoire. Et nous replonge à l'époque des premiers émois amoureux, des fantasmes, de la découvertes de la sensualité, à travers des scènes parfois très crues sans être vulgaires. Comment ne pas se reconnaître dans les hésitations du jeune Antoine, son cœur qui se serre quand Hélène discute avec un autre garçon ? Comment ne pas se reconnaître encore dans les allers et retours d'Hélène entre Antoine et les autres adolescents rencontrés durant cette semaine qui semble être une éternité ?

Bastien Vivès réussit avec ce roman initiatique (et peut-être aussi autobiographique), dans un style à la fois direct et subtil, à nous faire revivre des moments forts et déterminants. Et ça fait un bien fou.