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xiane
Légende

Il y a 10 mois | 110 vues

Vivre avec sans - Adagio maladie, Anne Sultan aux Editions des Femmes

Vivre avec sans - Adagio maladie ne fait que 58 pages mais c’est un texte fort, habité, avec l’écriture poignante et caractéristique d’Anne Sultan.

J’avais déjà assisté par deux fois à la lecture-mise en scène de son « Enfant Flou » et là, jeudi 12 octobre, à la librairie du Théâtre du Rond-Point des Champs Elysées, le choc a été tout aussi fort !

La lecture de ce texte par son auteure est dure, elle nous ramène à nos propres éventuelles addictions. Anne Sultan triture les mots, les phrases, elle les réinvente :

« Corps-loque inessorable. Corps continent d’incontinence.

Flaque.

Impossible de l’égoutter le liquide ingéré s’expulse furieusement. Violemment. Douloureusement. De partout je vous l’ai dit.

Impossible de l’égoutter je me dégoutte..

Eclaté en morceaux éparpillé et ça part de partout.

Où va mon corps ?

Où se vide-t-il dans quels conduits tuyaux égouts ?

Dégoût je suis. »

 

« J’entre je vais de box en box de chambre en chambre. Parfois vides c’est si rare souvent homme ou femme au-dedans. Endormis. Sans bruit tremblement j’attrape ici ou là des flacons presque pleins. A soixante-dix degrés.

La douleur est si forte alors ne plus trembler. Je souviens. Ma voix encore téter le bec de la bouteille la presser de mes mains comme l’enfant tête le sein.

A soixante-dix degrés. »

 

« Ouvrez les yeux.

Ce début d’après-midi d’été devant l’arrêt de bus. Jeune homme m’observe me dévisage. M’accoste vous habitez ce numéro dans cette rue-là n’est-ce pas. Ma mère. Chez ma mère oui durant deux ans je vous l’ai dit comme je le vois.

La caserne est tout près d’ici. A quelques rues de là.

La caserne des pompiers. Ce jeune homme est pompier. Il me connait me reconnait. Lui. Et là je sais ce qu’il veut dire. »

 

Vous l’aurez compris, cette fiction poétique parle d’une maladie honteuse, de l’alcoolisme, et pire que tout, de l’alcoolisme chez une femme.

On peut dire qu’on a un cancer, mais jamais avouer qu’on est alcoolique, et pourtant il s’agit également d’une maladie !


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