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Nathavh
Expert

Il y a 10 mois | 87 vues

Le jour et l'heure - Carole Fives

Edith et Simon prennent la route accompagnés de leurs quatre enfants ; Audrey, Théo, Jeanne et Anna.  Cela ressemble au départ en vacances comme lorsqu'ils étaient enfants.  Ils sont tous réunis pour ce voyage en Suisse , cela faisait longtemps qu'il n'étaient pas tous réunis.  Oui mais pour ce voyage ils sont six à l'aller et savent qu'ils ne rentreront qu'à cinq.  C'est la volonté d'Edith leur mère qui agit en femme libre.  Elle a choisi "le jour et l'heure" où elle quittera cette terre.  Edith est atteinte d'une maladie irréversible et veut partir en toute conscience lorsqu'elle est elle-même, entière, avec toutes ses facultés. Ses enfants l'accompagnent car c'est sa volonté.  Direction la Suisse où cet acte, la mort assistée est autorisée. 

Rassurez-vous ce voyage sera joyeux même si le sujet est grave et difficile.  Comme à chaque fois, Carole Fives avec sa plume fluide, délicate et émouvante apporte de l'humour et de l'humanité malgré le sujet diffficile. Le choix du roman choral donne à chacun des personnages, l'occasion de se remémorer des souvenirs et de donner son point de vue sur la vie, la mort, le droit de mourir librement.

Pas toujours simple en effet pour le corps médical d'aborder le sujet en toute franchise, de dire au patient que ses jours sont comptés de façon franche et directe.  Un sujet de notre société abordé avec brio et liberté avec tellement d'humanité.  C'est la vie, c'est lumineux, à lire vraiment.

Ma note : 9.5/10

Les jolies phrases

Les gens meurent sans savoir qu'ils meurent, sans jamais être préparés, parce que le mot n'est jamais même prononcé.

Perdre sa mère, c'est devenir définitivement adulte, c'est se dire, je ne peux plus aller chouiner dans les jupes de Maman, je n'ai plus qu'à m'assumer.

Lorsqu'on est médecin, on n'est pas préparé à la mort des gens. Notre mission, c'est de les tenir en vie coûte que coûte, en dépit de leur liberté. La mort, ce n'est pas notre sujet. Notre société est comme ça, elle ne veut pas regarder la mort en face. Et pourtant, j'ai lu dernièrement de très belles choses des philosophes grecs. Philosopher, c'est apprendre à mourir, pensaient-ils. Et si soigner, c'était aussi apprendre à mourir?

Il y a des gens qui sont dépassés par la liberté que prennent les autres, ça les enrage, ça les rend dingues. Ils aimeraient que tout le monde reste englué exactement comme eux.

La mort entre dans la normalité du vivant au même titre que la vie. La mort, c'est la vie.  Il faut l'accepter pour mieux vivre.

Le même geste pour sauver ou pour tuer. Le même produit. C'est juste une question de dose.

On a cette chance d'accompagner notre mère, d'avoir pris le temps les uns et les autres de lui dire au revoir, c'est un luxe vu comme ça...


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