Un simple dîner de Cécile Tlili

Claudia est une kinésithérapeute d’une extrême timidité. Elle se sent très inférieure à son cher  mari Etienne, avocat d’affaires parisien, qui lui fait d’ailleurs bien sentir. D’ailleurs son époux a organisé et invité à dîner  un couple de bons amis, Johar et Rémi. Elle est terrorisée à l’idée de cette soirée mondaine.

Mais peut-on imaginer qu’un simple poulet au curry puisse faire exploser des vies de couples ? L’odeur des épices, une veste qui laisse échapper un téléphone… Il suffit parfois d’un grain de sel pour que tout bascule…

 Entre humour grinçant et bel noirceur, le premier roman de Cécile Tlili mérite un tour de table. Elle nous offre un croustillant huit-clos, d’une grande justesse,  tout en tension, où chacun joue un rôle de composition et sa place aux yeux des autres. Mais en cette soirée de fin d’été, hôtes comme invités, vont s’échauffer et se révéler, finalement tomber les masques. Les langues vont se délier. Les vérités, les ambitions et autres secrets vont éclatés, tout aussi surprenantes qu’oppressantes. Les rebondissements savamment orchestrés et la psychologie des personnages sont remarquables et font de ce roman un vrai régal. Une belle démonstration qui évite les écueils du vaudeville.

 Cécile Tlili en profite pour interroger la place des femmes dans la société et glisse, avec délicatesse, une pertinente réflexion sur l’émancipation, cette idée qui renvoie à celle d’affranchissement d’une tutelle ou d’une domination. La liberté comme délivrance ou comme autonomie. Un dîner qui n’est pas con. Superbe !