Slava, de Pierre-Henry Gomont

Slava Segalov, artiste dissident devenu has been à la chute du communisme, sillonne la Russie en compagnie de Dimitri Lavrine, petit homme d'affaires reconverti en pilleur d'objets de luxe. La rencontre de mineurs déterminés à sauver leur outil de production de la voracité de banquiers peu scrupuleux va séparer ces deux hommes.

On retrouve ici tout ce qui fait la saveur des livres de Pierre-Henry Gomont : un trait simple, beaucoup de mouvement, des personnages très expressifs dont les pensées sont condensées dans des phylactères remplis d'idéogrammes désopilants. Mention spéciale à Volodia, sorte d’Obélix caucasien à la patience toute relative. Les bruitages rédigés en écriture cyrillique achèvent de donner de la légèreté à cette histoire rocambolesque sur un sujet pourtant grave.

Car le tour de force de Pierre-Henry Gomont est de réussir à nous expliquer comment la Russie post-soviétique a été méthodiquement mise à sac lors de l’ouverture brutale du pays au capitalisme : montages financiers, double comptabilité, évasion fiscale, tout y passe avec une limpidité déconcertante. A travers les souvenirs de Slava, il excelle surtout à tourner en ridicule les vicissitudes de ces néo-capitalistes dans une narration caustique ciselée avec un plaisir jubilatoire. Plus qu’un roman graphique, Slava est un petit bijou littéraire. 

Slava de Pierre-Henry Gomont, 2 tomes déjà parus chez Dargaud.