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xiane
Légende

Il y a 9 mois | 185 vues

Eden de Auður Ava Ólafsdóttir aux éditions Zulma

J’ai trouvé ce livre doux, reposant et très introspectif.

Il y a plein de choses qu’on ne nous dit pas, mais qu’on comprend plus tard, où entre les lignes.

C’est l’histoire d’une femme, bien ancrée dans sa vie de linguiste émérite, de professeur en université et de relectrice pour une maison d’édition, qui parcourt le monde pour assister ou animer des colloques sur les langues en voie d’extinction.

Lors d’un voyage de retour elle se rend compte que pour compenser son empreinte carbone, elle devrait planter 5 600 arbres !

A part cette prise de conscience, j’ai dû attendre les pages 160 et suivantes pour comprendre la raison pour laquelle elle avait démissionné pour ne conserver que sa fonction de relectrice, avait vendu son appartement de Reykjavik et acheté un lopin de terre sec et aride au bout du monde !

Alors que je lisais les commentaires du père d’Alba (la narratrice) sur la survie de l’érable de son ami Hlynur récemment décédé, je pensais au vieil amandier de plus de 80 ans à côté de chez moi qui semble bien mal en point et peut être en train de mourir… Cet arbre est, ou plutôt était magnifique tout en fleurs au printemps et je l’ai souvent pris en photo.

A tout moment, Alba décortique chaque mot lu ou entendu en fonction de sa passion qu’est la langue. Je trouve ça très intéressant.

Mais surtout, elle plante des arbres. Beaucoup d’arbres. D’abord des bouleaux, puis un érable, des arbres fruitiers, des fleurs… elle s’implante également dans la région, abandonne une bonne partie de sa bibliothèque, donne des cours d’Islandais aux réfugiés venus de si loin pour aborder une terre tellement aride… et s’occupe tout particulièrement d’un adolescent de 16 ans qui se retrouve seul au monde après le départ des gens avec lesquels il est arrivé en Islande. Il est même prévu qu’elle l’adopte.

Est-elle en train de se préparer à survivre à l’Apocalypse annoncée par un chauffeur taxi témoin de Jéhovah ?

A un moment du livre, on apprend que son éditrice veut recueillir et éditer les poèmes écrits par les réfugiés dont elle s’occupe. On peut lire ces « poèmes en fuite » si forts, si durs,

J’ai emporté

une bouteille d’eau

et mon téléphone

la mer est salée comme les larmes

et qui après réécriture et remaniement par l’éditrice deviennent

j’ai emporté

l’essentiel

une bouteille d’eau

mon téléphone

j’abandonne

ma maison

la tombe de maman

mon chat

le poirier du jardin

et la mer est salée comme les larmes

et n’ont plus cette même force.

Le livre se termine par une vision très onirique et pleine d’espoir.


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