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EglantineLilas
Légende

Il y a 10 mois | 155 vues

Clément, Magali et le Blé de l’Espérance.

La-Vieille Crau – caillouteuse (aujourd’hui irriguée) où avaient vécu leurs parents, offrait peu de perspective de développement à leur époque. Par contre, les fermiers camarguais, de leur côté, jouissaient de droits, dont celui de la production frumentaire.

Dans les siècles passés, la crainte de la disette était présente dans tous les esprits et perdurait certainement encore de nos jours. Croyance ancienne ou tradition, alors qu’on approche l’avent, il est temps pour Magali que son Clément se décide à aller lui dénicher le blé pour le planter le 4 décembre, le jour de la Sainte-Barbe. Certes, tout le blé de leur récolte n’avait pas été vendu au point de ne pas en trouver dans leur réserve une poignée, pour en garnir trois coupelles ! Cependant, celui qu’elle désirait, c’était celui de l’Espérance. À quatre-vingts ans passés, elle savait toujours ce qu’elle voulait et dégun ne l’aurait fait changer d’avis.

- Magali, pourquoi veux-tu que j’aille acheter du blé alors que nous en avons ?

- Ce n’est pas la même chose Clément, le blé de l’Espérance c’est hé bé, c’est celui-là que je veux !

- J’entends bien Magali, l’Espérance… Je connais l’histoire autant que toi de l’espérance des anciens ! Nos ancêtres craignaient qu’avec la diminution des jours la terre reste endormie, et en quelque sorte que les plantes en oubli de germer, voilà l’histoire comme je te dis !

- Mé qué mè dis ! C’est la vérité du dimanche que tu me racontes là !

- Pas du tout ! Nos anciens mettaient à germer dans des jattes des graines de diverses variétés, qui une fois germées, étaient disposées à l'entrée des champs pour montrer à la terre comment se régénérer. Depuis, la tradition provençale, veut qu’on plante du blé dans trois coupelles le jour de la Sainte Barbe le 4 décembre, et si ça germe bien, et si le blé pousse bien vert, on sait pardi, que la récolte prochaine sera abondante.

- Clément, tu ne comprends coucaren  ! Nous sommes d’accord, les coupelles, dont tu parles et qui représentent la Sainte Trinité, on les mettra sur la table de Noël, le 24 décembre, pendant le Gros souper. Et le 26 décembre, on coupera le blé qui aura bien poussé et c’est dans la crèche qu’on le laissera jusqu'à l'Épiphanie. Pour faire tout ça, moi, je veux que tu ailles me chercher le blé de l’Espérance de Maguy Roubaud.

- Arrête de reïner Magali ! Pourquoi, son blé est meilleur que le nôtre peut-être ?

- Boudie ! On ne s’en sortira pas ! En 1987, l’association « Blé de l’Espérance » a vu le jour sous l’impulsion d’une journaliste, Maguy Roubaud et un ancien directeur des Grands Moulins Storione, Alain Storione. Autrement, d’après toi, ils font quoi les Grands moulins ? De la farine de blé… Et donc le blé, ils en ont ! Ce blé, mis en petits sachets, portent le nom de la journaliste, hé bé, ils sont vendus en faveur des enfants malades, tu comprends, en faveur des enfants malades ! Donc, en achetant ces saquetti on fait une bonne action en même temps qu’on respecte les traditions !

- Pécaïre ! Tu aurais commencé par là, j’aurais compris ! Je ne suis pas jobastre !

- Alors, il ne te reste plus qu’à aller à la boulangerie et me ramener quelques saquetti ! Mefi que ce soit les vrais de vrais !

- Acò, j’aurai l’œil, t’inquiète.

- Embraille-toi avant de rentrer dans le magasin ! Parce que la prochaine fois que j’y vais, je ne veux pas perdre la figure ! Hé vé, profite pour nous ramener une pompe à huile !

-  Oh fan !, c'est tout ?

- Vai renaire, au lieu de rester là à basaretter, et revient avant le souper !

 


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