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Il y a 10 mois | 293 vues

Chronique de la vie d’un grand homme d’État méconnu du grand public

Introduction

Nicolas Rolin est né à Autun, en Bourgogne, en 1376 au sein d’une riche famille de viticulteurs et de juristes qui lui léguèrent un important domaine viticole dont le vin rouge de Bourgogne avait pris la tête de file depuis Philippe Le Bel (1268-1314) et figurait sur les tables royales. Les papes et cardinaux l’apprécièrent également.

Le Duc de Bourgogne Philippe Le Hardi (1342-1404) en a même fait son auxiliaire diplomatique.

Son oncle Perrenet, versé dans les vignes, permit un contact avec les échansonneries ducales pour négocier sa production. A quelques temps de là, il vendait son vin au sommelier de Monseigneur le Duc à Beaune.

Le fonds familial était basé sur une richesse de biens terrestres, acquis au gré des années dont l’important vignoble bourguignon situé entre Beaune et Autun.

Nicolas ne cessera de développer son patrimoine tout au long de sa vie.

A cette époque, la guerre de cent ans (1337-1453) était en filigrane et les situations politico-économiques étaient fluctuantes en Europe.

Pour les étudiants français en droit, seule l’Université d’Avignon bénéficiait du prestige de la papauté et constituait un tremplin de réussite sociale, Dijon ne disposant pas encore d’une faculté en la matière.

Nicolas Rolin fut d’abord bachelier en décret et licencié en lois, l’État recherchant de plus en plus de juristes. Son cursus universitaire achevé, il disposait pour son âge, 25 ans, d’un patrimoine considérable constitué par son père Jean Rolin mort en 1392.

L’activité.

En 1401, Nicolas Rolin s’aguerrissait aux méandres de la politique dans l’entourage du Duc de Bourgogne, à Paris, où une atmosphère de poudrière régnait entre Jean Sans Peur et le Duc d’Orléans, il avait alors la qualité de Clerc et poursuivait ses études au Barreau.

En 1407, Nicolas , passant la trentaine, fit un grand pas dans la société parisienne par son mariage avec Marie de Landes (décédée en 1421) qui l’introduisit dans les sphères de la haute finance et de l’administration de la ville de par sa famille.

L’assassinat du Duc d’Orléans le 23 novembre 1407 marqua une pause politique

L’année suivante, à l’automne, Nicolas fut nommé avocat de Jean Sans Peur (28/5/1371 – 10/91413). D’emblée il entrait dans l’équipe juridique ducale de Paris composée d’une douzaine de légistes éminents. De cette façon, il figurait parmi les avocats les plus affirmés du parlement parisien.

La puissance Bourguignonne était à son apogée : le Duc Jean Sans Peur avait à cette époque plus de Chevaliers à lui seul que tous les autres Princes ensemble.

L’année 1418 fut une année de terreur et de pillages à Paris, avec notamment, l’apparition des « écorcheurs »* sans compter les épidémies sans précédents, en septembre, aussi le Duc s’installât-il à Troyes qui devint la capitale de la Bourgogne.

Au printemps 1419, Nicolas Rolin devint Maître des Requêtes de l’hôtel ducal.

C’est le dimanche 10 septembre de la même année que le Duc de Bourgogne fut assassiné dans des circonstances confuses et fut enseveli provisoirement le lendemain en l’église de Montereau.

Cette tragédie fut celle de la France.

Quatorze mois plus tard , après la reddition de Montereau, le corps de Jean Sans Peur fut transporté à Dijon où ses funérailles ont été célébrées solennellement le 12 juillet 1420.

Le 3 novembre 1422 vit la nomination de Nicolas en tant que Chancelier, à l’âge de 54 ans.

Le 20 décembre 1423 fut celui de son mariage avec Guigone de Salins.

De Philippe le Hardi le premier des Valois (1342-1404) à Philippe le Bon (1396-1467) ses pouvoirs ne cessèrent d’augmenter jusqu’à assumer la responsabilité de la Direction des Affaires Militaires.

L’année 1431 a connu des événements importants : tout d’abord la mort de Jeanne d’Arc le 30 mai et la suspension d’Armes entre la France et la Bourgogne le 13 décembre et quelques jours plus tard, le 16 décembre , sacre d’Henri VI à Notre Dame de Paris.

Il s’en suivit un traité de non belligérance entre les Maisons de Bourgogne et des Bourbons qui sera ratifié le 10 décembre 1435 par le traité de paix d’Arras . 

Nicolas Rolin avait de la prestance et de la gravité qui intimidait son entourage ce qui lui facilitait toutes les négociations de traités ou de documents officiels, il était devenu omnipotent pour toutes les affaires de l’État Bourguignon qui s’étendait sous Philippe le Bon , de Beaune et Dijon d’une part et de Montereau à Mâcon en passant par Dôle d’autre part puis au nord de la Picardie à la Flandre, jusqu’au Hainaut, et le Braban , la Hollande, la Frise et le Zélande.

* Écorcheurs :

Groupes armés autonomes du XVe qui menèrent une guerre à leurs profits en dépendant d’un parti. 

A cette période, la mauvaise situation financière de Charles VII le pousse à engager ces groupes qui ne sont pas rémunérés mais qui vivent de leurs rapines et exactions du Duché de Bourgogne et sur le pays y semant la terreur et désolation sur leurs passages.

Ce n’est qu’après le traité d’Arras (décembre 1435) qu’ils disparaîtront du Duché de Bourgogne puisque l’Armée est réorganisée et le pouvoir du roi se réaffirme.

Je passe les descriptifs de tous les accords et traités ainsi que des actes officiels ou sous seing privé qu’il aura créés ou négociés tant pour l’état Ducal que pour des villes dont il était l’avocat conseil .

Mécénat

Grand amateur de peinture et d’architecture il fit construire à ses frais plusieurs édifices religieux à Autun, dans le sud près d’Avignon et, point d’orgue de son mécénat l’Hôtel Dieu des Hospices de Beaune.

Cet hôpital fut construit sur ses propres fonds et ceux de son épouse Guigone de Salins pour les pauvres et nécessiteux. Garni de lits, meubles et ustensiles nécessaires pour recevoir les malades. L’inauguration eut lieu le 31 décembre 1451. 

Afin d’en assurer la pérennité il édifia une charte et créa l’ordre des Sœurs Hospitalières.

Il aura fallu 8 ans pour bâtir cet édifice unique en son genre, de style gothique flamboyant.

C’est lors d’un déplacement à Bruxelles, à la mi-carême 1445 qu’il passa commande à Rogier van der Weyden, d’un polyptyque « Du Jugement Dernier » pour orner l’autel de la chapelle de son futur hôpital.

Cette œuvre est de la classe de « l’Agneau Mystique » peint sur un triptyque exposé à la cathédrale de Gand. Je recommande aux lecteurs qui en ont la possibilité de ne pas manquer cette visite à Gand car ,celui ci une fois ouvert , donne l’impression d’avoir été peint la veille et non en 1432.

Cette vie d’un grand serviteur de l’État est passionnante à parcourir et révèle un grand nombre de faits historiques oubliés dont le personnage central est un être qui a,, su allier charisme, pratique religieuse, autorité et respect des autres par sa philanthropie et son influence dans la préservation de l’histoire et de la culture en Bourgogne.

Les auteurs : Marie-Thérèse Berthier licenciée en droit et diplômée d’études supérieures de science politique et son mari John Thomas Sweeney diplômé en science humaine sont des chercheurs spécialistes de la Bourgogne dont ils ont publié plusieurs ouvrages.

Ce livre renferme une qualité de renseignements historiques rarement égalés et ne lasse pas le lecteur tout au long de ses 460 pages.

Livre rare dans une bibliothèque.


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