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EglantineLilas
Légende

Il y a 5 mois | 89 vues

Et la noël fut là ! - 5 et fin !

Lucie et Cécile se regardèrent, ne sachant pas trop par quel bout commencer. C’est en même temps qu’elles prirent la parole.

-       Savéria....c’est que...

-       Lucia, à toi de parler, tu expliqueras mieux que moi !

-       Notre village, est situé dans le « Deçà des monts » [1], comme tu le sais, et comme dans beaucoup de villages de montagne, les paysans retirent du sol, souvent plus de pierres que de légumes et...

-       Si on voit de l’eau sourdre ici ou là dans la montagne, ce n’était pas le cas à l’endroit où se situe le bien, d’Orso, renchérit Cécile.

-       Pendant que les villageois s’escrimaient pour obtenir une récolte suffisante pour nourrir leur famille, reprend Lucia, Orso, lui de son côté, pouvait aller vendre à la ville voisine, de belles récoltes de légumes. Avec, en plus, les dons de sorcier qu’on lui prêtait, on ne pouvait que s’inquiéter.

-       Un jour, justement où Orso s’est absenté, une dizaine de villageois, allèrent vers le Pont des sorcières, en se rapprochant le plus possible, de là où il vivait, enchaina Cécile. Et là, oh surprise ! Alors que tout n’est que pierres et rochers, s’étendait devant eux une vaste prairie verdoyante, avec en fond sonore, le murmure d’une source comme le chant d’une sirène.

Sovéria qui avait du mal à reprendre ses esprits, ne sachant plus si c’était un conte ou une réalité, demanda :

-       Mais alors… Ce qui veut dire, que les petits sapins que j’ai vus, ont poussés à l’emplacement de cette ancienne prairie ?

-       C’est tout à fait ça, d’où notre air ébahi lorsque tu nous as montré les photos !

-       Je comprends enfin ! Les trois femmes, que sont-elles devenues après leur installation dans la maison ? Quel rapport avaient-elles avec Orso ?  Et pourquoi l’autre jour, j'y ai vu de la fumée ?

-       Du calme Savéria, du calme ! Tu sais qu’en Corse, nous sommes tous apparentés et je suppose que c’est pareil dans beaucoup de villages retirés, surtout dans les anciens temps, où les déplacements n’étaient pas faciles. On se mariait souvent entre gens d’un même village.

-       Il ne faut pas oublier le sens de l’hospitalité qui était très ancré dans l’île. Les personnes qui ne sont pas parties, fusil à l’épaule sans réfléchir, ont appris qu’Orso, avait hébergé, pour un certain temps, des parentes éloignées, suite au décès du mari de la fille, emporté par une blessure de guerre. Elles n’ont habité là, qu’un an ou deux !

-       Le temps qu’on leur impute tous les maux du coin, je suppose, soupira Savéria.

-       Il n’y a pas eu que des gens sans cœur, beaucoup de villageois se sont montrés généreux !

-       Tu me rassures Cécile ! À qui appartient la maison maintenant ?

-       Il y a peu de temps, autour d’un café, j’ai pu en parler avec Mathieu, le maire. Les terrains autour et proches de la maison, sont communaux et personne ne s’en préoccupe. La maison, a été léguée à la commune par Orso, pour que justement, elle puisse dépanner des personnes en besoin. Si tu as vu de la fumée sortir de la cheminée de la maison, c’est que le maire, l’a transformé en gite. En ce moment, c’est un jeune couple qui l’occupe, le temps de trouver un appartement, le mari ayant un emploi à la ville voisine.

-       Ouf ! Pas de sorcier ni de sorcière en vue !  Mais reste entier le mystère de ces petits sapins !

-       Peut-être un jour, on saura... mais toi Savéria, que vas-tu faire, puisque tu cherchais un sapin ?

-       Moi, tu veux savoir ? répond Savéria en riant à Lucia. Je n’ai rien fait de la matinée chez moi, mais je me suis occupée à réfléchir ! Au temps qu’il m’en souvienne, enfant, je ne revois pas de sapin de noël dans les maisons, du moins dans notre village ?

-       Avant les années 50, on disait que c’était l’enfant Jésus qui apportait les douceurs. Il n’était pas question de la profusion de cadeaux comme aujourd’hui !

-       Tu as raison, Lucia, c’était surtout et avant tout, une fête religieuse et le rassemblement de la famille ! J’espère que la mienne pourra me rejoindre !

-       Tu ne nous as toujours pas dit pour ton sapin ?

-       C’est vrai, pardon ! Vous vous souvenez toutes les deux certainement, qu’à la naissance de notre premier petit-fils, nous avions planté avec mon mari, un sapin dans notre jardin. Nous n’avons pas renouvelé par la suite, compte tenu qu’il est certain que ce n’est pas le meilleur sol pour qu’il prospère, toutefois il tient le coup. Donc, cette année, c’est dehors que je décorerai mon arbre et non à l’intérieur de la maison, je n’ai pas à cœur d’aller en couper un, là où je les ai découverts !

-       Les enfants retrouveront leurs cadeaux au pied de ta belle cheminée, je n’en doute pas !

-       Tout à fait, c’est aussi agréable ! Il est peut-être temps que je lève le camp et que je vous embrasse pour tout ce que vous m’avez appris aujourd’hui !

-       Au revoir Savéria !

-       Au revoir vous deux !

Les vingt jours qui séparaient du réveillon de noël, furent bien employés par Savéria. Son sapin, dans le jardin, n’avait rien à envier aux autres. Tout fut prêt à temps pour recevoir la famille dans la joie. Le soir du 24 décembre, c’est tous ensemble, qu’ils rejoignirent les autres villageois pour la messe de minuit. Comme dans beaucoup de village, l’église était perchée sur un promontoire qui dominait jusqu’à la plaine.

En sortant de la messe, chacun s’arrêta médusé, en apercevant du côté du Pont des sorcières, une forêt de petits sapins scintillants de mille feux, sous le regard amusé de la pleine lune, qui leur faisait un sourire complice !

                                                                                                                   Un miracle de noël sans doute 🎄🎄 🎄 ….

                                                                                              Fin
 

[1] Entité géographique et historique occupant la moitié septentrionale et orientale de l'île.