Un petit souci

Il raccrocha le téléphone quand sa femme passa la tête dans la cuisine.

—Alors ? lui demanda-t-elle d’un air anxieux.

—Malheureusement rien. J’ai appelé mes parents, les tiens, ma sœur. J’ai même pensé à appeler Alphonse, JP et trois collègues du bureau, mais rien, dit-il d’un air désespéré.

Au salon, le sapin brillait de mille éclats, des papiers cadeaux déchirés étaient disséminés un peu partout, jusque sur le panier du chien qui ne comprenait rien à ce qui se passait et qui jetait des regards apeurés dans tous les sens. Et au milieu de ce capharnaüm, deux gamins pleuraient en tenant leurs jouets dans leurs petites mains. Ce qui devait être l’un des plus beaux jours de l’année venait de tourner en véritable cauchemar.

Les deux adultes regardèrent leurs bambins ne sachant pas vraiment quoi faire pour arranger la situation.

Dans son coin, le chien poussa un petit gémissement timide, une sorte d’appel à l’aide dans une situation totalement incompréhensible pour lui. Il avait besoin d’être rassuré, mais aussi de faire sa promenade du matin.

—Bon, euh… je vais sortir Baltazar et prendre un peu l’air. Ça m’aidera peut-être à réfléchir et à trouver une solution.

—Tu sais quoi ? lui répondit sa femme, je t’accompagne !

Une fois la porte d’entrée refermée, ils n’entendirent plus les pleurs de leurs enfants et ils en furent soulagés. Même le chien reprit un peu du poil de la bête et se mit en marche avec entrain.
En regardant autour d’eux, ils virent d’autres parents avec ce même regard mi désemparé, mi soulagé d’être dehors. Ils se rendirent compte alors qu’ils n’étaient pas les seuls à avoir oublié d’acheter des piles pour les jouets de Noël…