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Nathavh
Expert

Il y a 8 mois | 112 vues

Chaleur humaine - Serge Joncour

'Chaleur Humaine' se passe dans le Lot, dans la ferme des Bertanges.  Alexandre, 57 ans, a repris la ferme familiale et élève ses animaux et cultive la terre de manière respectueuse.  Il est resté loyal à sa terre et à ses parents qui vivent dans la maison d'en bas, pas très loin.  Il les retrouve chaque jour.  Il a une relation avec Constanze qui vit dans la réserve écologique et qui comme lui aime et admire cette nature et milite pour la protéger.

Cela fait un moment que ses soeurs ont quitté la ferme pour la ville, elles sont trois comme les éoliennes baptisées de leurs prénoms ; Caroline , Agathe et Vanessa et vivent à Toulouse, Rodez ou Paris. Elles n'ont plus parlé à leur frère depuis 20 ans lorsqu'elles ont vendu des terres pour la création de l'autoroute et ces fichues éoliennes.

Serge Joncour a utilisé la crise sanitaire et la covid de 2020 comme catalyseur pour réunir la famille car il ne s'agit pas d'un livre sur le confinement , non celui-ci est juste le prétexte pour rassembler une famille désunie.

Peu à peu les choses se compliquent, rester confiné en ville ou partir à la campagne ? Tous finiront par se retrouver aux Bertanges chez Alexandre.  Comme avant ?  peut-être pas, tous ensemble, réapprendre, se pardonner peut-être.

Serge Joncour fait bien entendu des liens entre la nature et les conséquences de l'activité de l'homme sur celle-ci.  Il dresse des constats, met en avant des soucis écologiques et les conséquences du déréglement climatique.  Il nous décrit cette nature de façon magnifique comme à chaque fois, sans nous donner de leçon, on ressent son attachement profond à la terre, son amour et son bon sens dans les actes à entreprendre pour sa sauvegarde mais avant tout il décortique les relations humaines et apporte un regard empreint d'humanité. 

J'ai toujours énormément de plaisir de retrouver la plume fluide, vraie, humaine et sensible de Serge Joncour.

J'ai passé un agréable moment de lecture.

Ma note : 8.5/10


 

Les jolies phrases


 

Il en va des familles comme de l’amour, d’abord on s’aime, puis un jour on n’a plus rien à se dire, signe qu’on doit changer profondément.


De la même façon qu'on ne voit pas ses enfants grandir, demeurer auprès de ses parents au quotidien empêche de les sentir vieillir, sinon par à-coups.


Alexandre fuyait tout conflit, sachant que la colère est un terreau à regrets.


Envisager la famille comme un cheptel qu’il fallait protéger, c’était bien de ça qu’il s’agissait, sécuriser le troupeau, et pas seulement ici, partout dans le monde.


Ce confinement, Alexandre ne le ressentait en rien, mais il imaginait à quel point ça devait tout perturber en ville. Cela coïncidait avec l’arrivée des beaux jours, cette période où l’on se réconcilie avec l’extérieur. Obliger quelque mammifère que ce soit à se calfeutrer et à hiberner au moment où l’hiver prend fin, c’est aller contre le cycle naturel des choses.


Tout partait de ce constat: les arbres sont sur terre depuis mille fois plus longtemps que les humains, et pourtant ils commencent tous à souffrir des activités des hommes, bien plus que les humains eux-mêmes. Après deux vagues de chaleur en deux ans, et deux sécheresses cataloguées en catastrophe naturelle, toutes les essences manquaient d’eau. Les bonnes pluies de l’année précédente n’avaient rien réparé, les arbres s’épuisaient à s’hydrater et leurs défenses immunitaires étaient au plus bas, dès lors la moindre attaque de parasites les menaçait, surtout que ces parasites profitaient pleinement du réchauffement climatique et de la mondialisation pour proliférer. Le cercle vicieux était amorcé.


C'est bien sur le même ton affolé que Constanze lui certifia que cette nouvelle pandémie était un signe. Cette fois, entre la nature et l'humanité, les hostilités étaient déclarées, cette fois la nature s'attaquait aux humains et elle n'en finirait plus désormais de nous déborder, parce que en plus des nouveaux agents infectieux, il faudrait se confronter à la montée des océans, aux vagues de chaleur et surtout au manque d'eau douce qui soulignerait le triomphe des eaux salées. Le feu et le sel, ces périls ultimes, signeraient la mort de toute vie.


Le changement climatique était une tempête invisible, sournoise.

 


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