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xiane
Légende

Il y a 8 mois | 107 vues

Les Eclats de Bret Easton Ellis

Ça y est, hier soir j’ai enfin refermé ce livre de plus de 600 pages !

Quel est l’intérêt d’écrire une telle autofiction pleine d’égo, de suffisance, et en fait de mépris pour lui-même ?

C’est l’histoire d’un type mal dans sa peau, aux parents bourrés de fric et perpétuellement absents. La seule personne qui prend réellement soin de lui est Rosa, la femme qui vient faire le ménage, s’occuper de son linge, de ses repas, des repas du chien et qui est donc payée pour le faire…

L’histoire se déroule principalement en 1981, dans les hauteurs de LA, à une époque où l’on pouvait rouler en tous sens dans les rues et sur les routes sans se préoccuper du coût du pétrole mais également à une époque où dire qu’on était gay était encore chose impossible et où il fallait vivre caché…

Alors il (Bret) a (pour donner le change) une petite amie, aux parents encore plus friqués que les siens. Bret termine sa dernière année dans l’école prestigieuse où tous les gosses de riches se doivent d’aller étudier.

Il passe son temps à se branler, à s’enfiler des drogues de toutes sortes et à consommer du Valium comme si c'était des bonbons, à boire de l’alcool sans autre plaisir que la quantité ingurgitée…

De temps en temps il baise avec des types, qu’il aime ou qu’il croit aimer mais qui eux aussi doivent vivre sans oser dire qu’ils sont gays ! les détails des parties de sexe sont très crues et très explicites. J’ai d’ailleurs failli arrêter ce livre avant la page 50 mais j’ai fait (essayé de faire) abstraction et à partir de la page 200 je n’y faisais même plus trop attention… sauf au moment de la « double pénétration » où là j’ai repensé aux deux escargots collés ensemble qu’enfant j’avais apporté à mon père « qu’est-ce qu’ils font ? » et qu’il m’avait répondu de les jeter, que c’était « sale » !... mais je m’égare !

C’est donc l’histoire d’un type mêlé sans le vouloir à des meurtres en série et qui soupçonne le nouveau venu de son école d’en être l’auteur. C’est vrai que Robert est beau comme un dieu et que Bret en est tombé amoureux tout en sachant que Robert est hétéro…

Il n’y a pas que les parties de sexe qui sont explicites, il y aussi les détails des meurtres et Bret en est au plus près puisqu’une des victimes est Matt l’un des types avec lequel il a couché et que le père de Matt lui montre carrément des photos du corps de son fils « réarrangé » tel une sorte d’œuvre d’art macabre…

J’ai même cru à un moment que c’était Bret le meurtrier, un meurtrier schizophrène qui ne saurait pas que l’une de ses personnalités devenait un tueur en série, mais non, ça n’était pas lui et de toute façon on ne saura jamais qui était ce Trawler, seulement une certitude, Robert n’était pas ce Trawler puisque les meurtres se poursuivent après sa mort… et une interrogation : est-ce que c’est Bret qui a ou non attaqué et massacré son amie Susan ?

Bret aime Robert mais il en est jaloux et il le déteste autant qu’il aime. Il doit avoir envie de le détruire d’une façon ou d’une autre puisqu’il ne peut pas « l’avoir ».

Deux exemples de la même longue, très longue scène d’une extrême violence :

Page 571

« (…) Robert a reculé et regardé par-dessus la balustrade. J’ai cru qu’il allait sauter et je me suis précipité vers lui, le couteau en main, je l’ai renversé sur le sol du balcon et immobilisé, à califourchon sur sa taille. Il se tortillait sur le verre brisé, qui me tailladait les genoux, tandis que j’essayais d’attraper le poignet de la main qui tenait le couteau, mais il a réussi à me frapper la cuisse, enfonçant la lame, puis la retirant et l’enfonçant de nouveau, et j’ai hurlé et basculé sur le tapis de verre brisé, et j’ai senti les coupures sur mon dos et mon cou. J’ai attrapé l’avant-bras de Robert et je l’ai frappé contre le verre, je l’ai relevé et frappé de nouveau, essayant de lui faire lâcher le couteau. Il a réussi à se dégager et à attraper la balustrade d’une main incrustée de verre brisé, et j’ai vu avec horreur qu’il l’escaladait.

« Robert, ai-je crié. Ne fais pas ça. »

Il s’est couché sur la balustrade, il a jeté le couteau, a passé une jambe, puis l’autre, agrippé à la barre, et il a disparu de mon champ de vision.

J’ai hurlé, rampé jusqu’à la balustrade, oubliant momentanément le verre brisé qui entaillait mes genoux et mes paumes, et j’ai regardé en bas. 

Robert était tombé sur le balcon juste au-dessous (…) »

Page 573

« (…) A genoux, j’ai baissé la tête et vu Robert qui se balançait pour atterrir au vingt-sixième étage.

« Robert, s’il te plait, je vais t’aider, Robert, ne fais pas ça ! »

J’ai levé un poing ensanglanté et l’ai cogné sur le dos de sa main.

Il faisait des bruits essoufflés et désespérés. Il continuait à balancer son corps en avant et en arrière, visant le balcon.

J’ai levé mon poing encore une fois et l’ai abattu violemment sur le dos de son autre main.

« Robert, non ! » ai-je crié.

Et il est tombé silencieusement dans l’obscurité.

Il n’y avait plus que le silence – pas de cris – puis un horrible craquement quand le corps a percuté le toit du garage, qu’on a pu entendre vingt-sept étages au-dessus. (…) »

Donc, en résumé, j’ai trouvé les scènes de violence difficiles à supporter, les descriptions répétitives des parties de sexe lassantes, la répétition des noms propres comme la marque des voitures, le nom des groupes musicaux, le nom des rues traversées, le nom des célébrités, la marque et la couleur des vêtements portés par tout un chacun sans intérêt non plus de même que celles des drogues et des alcools ingurgités !

Vous l’aurez compris, je n’ai pas aimé ce livre (que malgré tout à certains moments j’ai trouvé fascinant) et je suis bien contente de l’avoir terminé.


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