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EglantineLilas
Légende

Il y a 3 mois | 78 vues

SUR LE FLEUVE DE LA VIE -3 -

Martha, resta parce qu’elle l’aimait, elle resta par peur de l’avenir pour les enfants, elle resta parce qu’elle avait abandonné toute activité professionnelle, et sans doute aussi par lâcheté, puis par habitude !

En plus de tout ça, l’idée de faire face à un divorce avec Paul qui le refusait, me tétanisait !

– Tu es quand même un peu spéciale, il n’y n’avait personne autour de toi qui aurais pu t’aider à passer ce cap ?

– Oui, j’avais bien sûr ! Mais lorsque je disais que je voulais divorcer, je ne devais pas être assez convaincante dans mes propos !

– Certes, l’environnement a besoin que la personne se prenne un minimum en charge !

– Et ce n’était pas le cas…

Les jérémiades de Martha, ni ses pleurs, n’arrangèrent en aucune façon la situation.

– Les horoscopes eux aussi étaient contre moi !

– Tu en étais là, à croire ce que pouvait prédire ces torchons ?

– Oui, j’en étais là ! Comment voulais-tu que je garde la tête haute en lisant ceci par exemple concernant le signe astrologique de Paul et sa compatibilité avec le mien : elle, …le signe ! vous juge sauvage …moi sauvage pas du tout, timide oui mais pas sauvage ! Ce qui est pour lui est le pire des défauts…Écoute, écoute, ce n’est pas fini ! Lui ne peut combler votre faim de tendresse…avec le temps pour sûr je m’en suis aperçu ...mais ce n’est pas tout, plus loin…votre besoin de fidélité, de sécurité affective. C’était écrit ! J’aurais dû comprendre et admettre que nous nous étions fourvoyés.

– J’ai du mal à te ramener à la raison si tu vas chercher ton destin et ton avenir dans les horoscopes !

– Je dois t’avouer que depuis ce genre de lecture s’est arrêtée pour moi, j’avais été trop échaudée !

Jamais au grand jamais, Paul, n’exprima ni regrets, ni sentiment de culpabilité, et encore moins ne présenta d’excuses durant leur vie commune. Était-ce une situation normale pour lui ? Sans doute !

Lorsque Martha, pense à cette période, elle n’est pas fière d’elle-même. Elle se dit qu’elle fut le contre-exemple de l’attitude à avoir dans de telles circonstances. Et pour que le tableau fut complet, n’avait-elle pas eu l’idée, plus que saugrenue, de rendre visite à la première maîtresse connue, pour lui demander si leur liaison était sérieuse ou bien si ce n’était qu’une passade !

Fallait-il que je sois plus que stupide pour faire une telle démarche ! Avec le recul du temps, je rentrerai volontiers dans un trou de souris tellement j’ai honte de moi !

La petite voix intérieure adore en rajouter une couche, si c’est possible encore !

–  Tu n’as pas fait que ça Martha, souviens-toi !

–  Oh ça va toi ! Je sais, figure-toi que je préfère oublier !

– Psst la lettre ? Tu te souviens de ta longue lettre découverte par le mari de la belle ?

– Oui, quoi ? Elle était amusante ma lettre ! D’accord, je me moquai d’elle, mais avec l’humour qui me caractérise, non ?

– Amusante tu dis ?  Euh …je ne sais pas si je dirai les choses ainsi…

– Mais enfin…Comprends, tout est parti de ce cadeau qu’elle lui a fait …un petit poste de radio alors qu’une télévision nous aurait à l’époque rendue beaucoup plus service !

– Tu plaisantes je suppose ? D’ailleurs, ce poste tu étais au courant comment ?

– Je ne sais plus …En fait, Paul, fait partie de ces hommes qui ne voient jamais le mal que certains actes peuvent générer sur autrui, alors pourquoi aurait-il pris des précautions pour cacher quoique ce soit, je te le demande ! 

– Tu as dû sans doute chercher un peu je pense ! Mais revenons à ta lettre. Je crains fort que les dégâts causés dans son couple n’aient pas mis en relief ton humour !

– Non mais ! Crois-tu ! Elle a osé me reprocher d’avoir causé des problèmes dans sa vie ! Quel toupet quand même !

– Je reconnais que c’était gonflé de sa part ! Paul ne t’en parla jamais ?

– Eh bien non, figure-toi, aussi curieux que cela puisse être !

Pas plus qu’il ne parla jamais de divorce, lui. Il lui offrit régulièrement fleurs et cadeaux, sorties et voyages, parfois en tête-à-tête, ou avec des amis. Il arrivait à Martha d’oublier ce qui l’occupait au-dehors…et lui aussi sans doute.

Martha n’a jamais compris qu’il y avait une séparation entre ma vie extérieure et notre vie à deux.

– Ce n’est pas évident à comprendre l’ami !

– Est-ce que je n’étais pas un mari attentionné, un père aimant ?

– Oui, surement, mais ta femme était restée amoureuse au-delà, comment dire …du raisonnable !

– Je ne l’ai jamais empêché de s’épanouir…

– Hum ! Le rôle de patriarche te convient bien !

– Je n’y peux rien, c’est malgré moi !

Les années s’ajoutèrent aux années, entre désespoir et espérance pour Martha. Ils cohabitèrent tant bien que mal, évitant de mettre en avant leur dissentiment devant les enfants, sans arriver toutefois à les protéger complètement.

– Paul pouvait sourire, lui !

– Toi tu aurais pu éviter de montrer tes yeux rougis trop souvent ! Et puis toi aussi tu pouvais sourire …un peu ! Tu étais en bonne santé, jeune, belle et tu avais la capacité de recommencer à travailler. Au lieu de ça tu préférais pleurer… C'était une solution ça ?

– Certes, non…Plus facile à dire qu’à faire, j’essayais bien pourtant !

– Pas assez à ce moment-là !

Martha s’en voulut beaucoup de sa faiblesse. Aujourd’hui encore elle a du mal à - se - comprendre. Plus elle avance en âge et plus elle se sent consternée de son comportement de l’époque. Faiblesse qu’elle essaya de compenser par un amour sans limite pour sa - couvée -, en lui consacrant beaucoup de temps, trop peut-être, au détriment de sa vie de femme et d’épouse.