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EglantineLilas
Légende

Il y a 3 mois | 69 vues

Ainsi va la vie ...Supplément du WE 😀....

Il souhaitait pouvoir les préserver de la crise que traversait à l’époque son foyer, et fit les efforts nécessaires pour cela.

– Qui peut savoir l’impact d’une situation familiale houleuse dans la vie des enfants ?

– Personne ne peut dire l’influence que cela a pu avoir sur leur propre vie d’adultes…

– Souvent, j'y pense sans trouver de réponse…

Le couple se retrouvait en général sur les points essentiels de leur éducation et de leur scolarité, bien que parfois, il y avait besoin de s’affronter sur certaines orientations.

Les enfants grandirent, sans problème majeur apparent semble-t-il, pas de drogue, pas de fugue, juste quelques rébellions de temps en temps, comme toute jeunesse. Ils eurent conscience, cela est certain, des tensions familiales et il est bien difficile toutefois de déterminer l’impact subi par chacun d’eux.

Ni l’un ni l’autre ne demanda jamais de prendre parti aux enfants tout en évitant les scènes devant eux… Que je pouvais faire ! C’était quand même la moindre des choses. Quant à Paul, à part de réagir à mes emportements… Il ne s’en privait pas, j’étais jalouse, disait-il ! Ce en quoi il avait raison !

Les enfants prirent à tour de rôle leur envol sans jamais rompre le lien avec leurs parents malgré les éloignements géographiques pour des études et plus tard pour leur activité professionnelle. Chaque fois que cela était possible, la fratrie se retrouvait dans la maison de leur enfance.

― À cette crise du départ des enfants, nous avons échappé, je ne sais ni pourquoi ni comment. Malgré ce qu’on peut entendre ou lire, ici où là, la perspective de nous retrouver en tête-à-tête n’a perturbé ni l’un ni l’autre.

La maison ne se trouva pas vide de la présence des enfants du jour au lendemain, ce qui sans doute facilita la chose. L’éloignement de la maison familiale se fit par étapes pour chacun d’eux. Les études d’abord avec des retours pendant les vacances scolaires, les stages parfois, pour certains pas très éloignés du domicile et plus tard un emploi dans des voies choisies librement. Tout ceci s’échelonnant en fonction des années qui les séparaient les uns des autres. Lorsque le dernier quitta le cocon familial, la satisfaction de les voir établis et la réussite du chemin parcourue fut sans doute pour une grande part dans l’acceptation sereine de ces départs.

Paul et Martha n’eurent jamais le sentiment d’une maison vide. Cahin-caha, le couple continua à partager une vie commune, en accord sur les points importants des intérêts qui les liaient. La plupart de leurs amis ignorèrent ou firent semblant d’ignorer leurs dissentiments et les fréquentèrent assidument et avec plaisir. Il n’était pas question de se donner en spectacle et de mettre les amis en demeure de choisir l’un ou l’autre camp.

Au moins, de ce point de vue, nous avions la même réaction !

L’affligeant numéro de cirque donné par un couple ami qui venait de se séparer leur avait servi de leçon.

Nous n’étions pas pour le scandale public, il y avait assez à gérer à l’intérieur de notre vie sans y mêler des étrangers !

La table était bonne et conviviale, les échanges entre les uns et les autres, heureux, c’était un endroit où l’on aimait se retrouver entre amis. 

Paul lui disait souvent pour se donner bonne conscience, car il en était convaincu :

Je ne fais rien d’extraordinaire, je fais comme beaucoup d’hommes et ça ne t’enlève rien… Non, mais c’est vrai ça ! Est-ce que ça mérite autant de problèmes !

–   Ce n’est pas ma vision de la vie d’un couple ! disait Martha.

– Peut-être que j’aurais eu moins envie de la gâter si nous nous étions morfondus l’un en face de l’autre !

– La gâter ? pour te donner bonne conscience probablement ?

 Paul, depuis quelque temps, avait pris les manies de Martha. Lui aussi faisait à lui-même, in petto, les questions et les réponses. Tout en ayant l’air d’être occupé à différentes tâches, il lui arrivait de marmonner. L’observant discrètement, il avait constaté certaines mimiques que Martha faisait sans s’en rendre compte vraisemblablement. Il en avait conclu qu’à défaut de lui adresser la parole certaines fois, elle dialoguait avec elle-même !

– Me manquait plus que ça ! À trop mélanger les pensées dans ma tête, ne voilà-t-il pas que je soliloque aussi !

 Malgré les aléas, les embuches, les désillusions réciproques, un vrai ciment commun, difficile à définir, liait ce couple comme des frères siamois. Une même vision de la cellule familiale, l’amour de leurs enfants, et certainement d’autres liens obscurs.

Leur amour était un Janus à deux visages, une face les tenait éloignés l’un de l’autre, alors qu’une attirance indestructible les polarisait. Ils continuèrent à vivre ensemble. 

                                                                                                                                                                        À suivre 😁....