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Seshat
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Il y a 7 mois | 97 vues

Danser dans la mosquée d’Homeira Qaderi

Homeira Qaderi est née en 1980 à Herat, en Afghanistan. Son enfance se passe à l’intérieur de la maison afin d’éviter les balles. Mais Homeira est espiègle. Elle tente sans arrêt de se rendre dans le jardin. Les seules sorties ont lieu lors des cessez le feu.

La ville d’Herat oscille entre le paradis et l’enfer. Les russes ont envahi le pays. Les chars sont dans les rues. Oncle Naser est un moudjahid, un résistant qui lutte contre l’invasion russe. Ils sont devenus « les combattants de la foi ». Ils réussissent à chasser les forces soviétiques en payant un lourd tribu. Les troupes russes quittent le pays en 1989. Après leur départ, Herat est un champ de ruines. Les moudjahidines sont de retour. La maison où vit Homeira et trois générations est toujours debout.

En Afghanistan, l’honneur est pour le garçon. L’avenir de la femme est de rester cloîtrée entre les quatre murs de sa maison. Pour les jeunes filles, la lecture du Coran est plus importante que la scolarité.

Puis en novembre 1994, après une guerre civile les talibans arrivent à Kandahar. C’est la BBC qui l’annonce. Ils imposent la charia. Aucune silhouette féminine ne doit apparaître en public. La burqa est obligatoire. Elles doivent sortir accompagnées. Kandahar est loin mais en septembre 1995, les talibans prennent la ville de Herat. Les écoles des filles ferment.

A ce moment là, Homeira prend conscience de son avenir. Elle décide de se battre contre le désespoir. En accord avec sa mère, elle décide d’apprendre à lire et à écrire aux voisines. Les cours se déroulent dans la cuisine. Très vite, la cuisine est trop exiguë. Les cours ont lieu sous la tente de la mosquée située près d’un cheik point, dans un camp de réfugiés. Ils sont sensés apprendre les versets du coran à une population jeune et mixte. La discrétion est de rigueur et les cahiers sont très vite cachés si besoin. Ces cours, bien entendu, ont lieu en dehors des heures de culte.

Un jour les talibans du cheik point envahissent la mosquée. La kalachnikov pointée en avant, ils menacent Homeira et les jeunes enfants apeurés. Homeira est responsable de l’insurrection. Que s’est-il passé dans la mosquée ? Elle tente d’organiser une manifestation devant le palais de l’émir. Puis elle va rencontrer Khoshhal, un jeune taliban. Elle aura juste le temps de lui apprendre à écrire. Sa mère lui manque et il souhaite lui écrire. Mais il sera envoyé au front et ne reviendra pas.

Il faut noter que les talibans interdisent la télévision et tous les livres. Dans la famille d’Homeira les livres sont enterrés soigneusement dans le jardin. Homeira fait partie d’un groupe de lecture et rédige des nouvelles. Mais très vite le mawlawi Rachid va se retrouver sur son chemin. Qui est vraiment cet homme ? 
Depuis cinq ans que les talibans ont pris le pouvoir à Hérat, le danger rôde toujours. Ils enlèvent les filles pour se marier. Homeira sera mariée à un inconnu. Ils se rendent à Téhéran en Iran où vit la famille de son mari. Homeira découvre alors l’indépendance des Iraniennes. Elles vont à l’université dont bénéficiera Homeira et notamment des ateliers d’écriture. La vie à Téhéran est celle dont elle rêve. Elle réussit à obtenir un doctorat et se met à enseigner. Mais à l’été 2015, elle est contrainte de retourner en Afghanistan, à Kaboul. Aux menaces des talibans s’ajoutent la présence de l’état islamique. Puis il y a le divorce. Son fils, Siawash, a 19 mois et son père l’enlève. Il lui dira que sa mère est morte.

Superbe récit véridique d’une femme indocile et rebelle dans un pays en guerre : l’Afghanistan. Sa vie sera sans cesse une bataille pour faire face aux us et coutumes de ce pays : la polygamie, ……

Un petit livre très poignant qui permet à une mère de faire part à son fils de sa douleur, des épreuves qu’elle a dû traverser et subir malgré sa rage de vivre. Une histoire qui interpelle sur la destinée de ces femmes.

A découvrir ! 


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