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AMB37
Légende

Il y a 7 mois | 167 vues

Où vont les larmes quand elles sèchent (Baptiste Beaulieu)

« Je vous préviens, on ne causera pas ici du tout-venant ou des consultations lambda. On pourrait passer une heure à ouvrir le robinet d’eau tiède, aligner chiffons et petites phrases ce serait de la banalité en barre et je collerais la migraine à une tête de bois. »

 Voilà, le lecteur est mis en condition pour se lancer dans ce livre dont le héros va chercher à pleurer. C’est sa quête, il est médecin (où , on ne sait pas précisément, sans doute la région parisienne ), gay, se pose beaucoup de questions sur son rôle, sa relation patients/soignant, comment leur quotidien peut marquer sa vie personnelle et inversement.

Alors qu’il est interne (lieu toujours aussi vague : grand département du sud ouest) au SAMU, la mort d’un petit garçon épileptique (à 6 minutes près) va le traumatiser dans l’exercice de son métier  de médecin généraliste. Il ne parvient pas à extérioriser ses émotions, les larmes demeurent son combat intérieur et pourtant il en voit des situations de désespoir ! La fin dévoile que c’est aussi une thérapie liée à une terrible agression.

Dans ce long exutoire où parfois il interpelle sous astérisque le lecteur (original), Jean(c’est son nom) raconte son parcours de soignant . Un chemin doux/amer, chaotique, mais vivant. Le style est cash, familier, le personnage m’a parfois dérangée. Personnellement je cherche une belle écriture dans ce que je lis, quelque chose qui se démarque, ce n’est pas ce que j’ai trouvé dans ces pages trop bourrées de questions et de digressions inutiles (la selle de vélo) pour certaines. Mais il y a de l’humour et une colère positive ainsi que quelques beaux passages humains et profonds. Ces petites étincelles m’ont retenue.

« Le cœur est un organe creux, comme l’oreille, la bouche, les narines, l’anus, le vagin, le pénis, où toutes les blessures du corps peuvent aller se réfugier. Que le monde soit dur ne signifie pas qu’il soit sans douceur et cette douceur on peut s’en saisir pour la porter bien au chaud à l’intérieur du cœur. Il y a des médailles bien plus vilaines. »

« Parfois je me demande si je soigne parce que je me persuade d’arriver à sauver des gens ou si c’est juste pour prévenir l’ensauvagement global des êtres. Comme un animal blessé, l’Homme, quand il n’est pas soigné, peut devenir méchant, faire du vilain, et le malade peut chercher à se venger de ce bas monde. Je crois que je soigne pour abaisser la température du gros thermomètre à  méchanceté. Un degré après l’autre. Une raison comme une autre. C’est la mienne. »

Un livre qui se lit vite, assommant par moment, touchant par certains côtés, drôle quelquefois, très humain .

A vous de vous faire une idée.

 

 


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