Le sang des innocents de S.A. Cosby

Dans le comté de Charon, traditionnellement blanc et raciste, l’élection de Titus Crown, enfant du pays devenu le premier shérif noir, fait s’étrangler une partie de la population. Il suffit d’une étincelle pour que les hommes, les bas du front, sortent les armes et les préjugés. Si son élection a fait la fierté de son père, elle a surtout provoqué la colère des Blancs, qui ne supportent pas de le voir endosser l'uniforme, et la défiance des Noirs, qui le croient à la solde de l'oppresseur. Bravant les critiques, Titus tente de faire régner la loi dans un comté rural frappé par la crise des opioïdes et les tensions raciales. Jusqu'au jour où Latrell, un jeune Noir, tire sur M. Spearman, le prof préféré du lycée, avant de se faire abattre par la police. Fanatisme terroriste, crient les uns. Énième bavure policière, ripostent les autres. À mesure que les dissensions s'exacerbent, Titus se retrouve lancé dans une course contre la montre pour découvrir la vérité…

Cosby s'est imposé l’une des voix les plus puissantes et originales du roman noir contemporain, un écrivain incontournable du thriller américain. Après Les Routes oubliée et La Colère, ce brillant opus vient confirmer son talent pour les intrigues denses et tendues, les personnages déchirés, et son regard lucide sur l'Amérique profonde, le Sud rural en particulier et ses sombres méandres.

 C’est aussi l’un des rares auteurs afro-américains de polar qui porte avec force la question raciale, elle  imprègne tous ses livres. Des romans forts et marquants. Cosby  manie le suspense le thriller avec virtuosité, mais sa plume est légère face à des  religieux qui tirent d’un côté, les politiques de l’autre et les racistes au milieu. Celui-ci ne déroge pas à la règle, un polar d’une remarquable densité. Cosby est un digne héritier du thriller américain. Impossible de lâcher les 400 pages de ce roman époustouflant. Coup de cœur !