Retour
visuel principal de la chronique
Seshat
Légende

Il y a 6 mois | 105 vues

La femme périphérique de Sophie Pointurier

Petra et Peter Wolf sont des artistes. C’est le couple le plus en vue dans les années 1990 en Allemagne. Philippe Museau, Directeur de la maison Lézard de minuit, se rend au domicile du couple. La maison est située au bord du Rhin à Biebrich. Il rencontre Petra. Peter n’est pas là. Il travaille dans son atelier. Philippe espère le voir avant de partir. Il vient lui soumettre sa « biographie d’artistes ». C’est une première mouture. Petra est assez critique sur le texte. Elle est inquiète mais vu le succès de la biographie éditée sur Banksy, les français sont capables de tout. Petra a une réputation odieuse : diva, chiante, vraie emmerdeuse, voire castratrice.
Le nom de Petra est Von Hellermann. Wolf est un pseudonyme. Il y a 25 ans, elle a payé pour avoir le droit d’utiliser ce nom.
Peter est né en 1960 à Potsdam. Ses parents étaient membres du parti. Il a été emprisonné à Hohenschonhausen, la prison de la Stasi. Il a intégré l’école des Beaux-arts de Leipzig. Puis il a décidé de rejoindre sa sœur Muriel à Berlin Est contre l’avis de ses parents. Il s’installe dans un quartier gris et austère. Petra est une amie de Muriel. Elle a, semble-t-il, permis à Peter de quitter la RDA. Ils sont liés par un pacte. Dans les années 1980, Peter est devenu un artiste dissident. C’est à ce moment là que la cote de ses œuvres explose sur le marché de l’Ouest. Son acte symbolique a été de bruler sa carte du VBK, une sorte d’union nationale des artistes officiels de RDA. Il a connu la délation, la trahison et les écoutes. Sa vie est pleine de zone d’ombre. L’art existe t-il en Allemagne de l’Est ? 
Un dîner est organisé chez Granier, le Directeur du musée Pompidou, où sont présents des spécialistes de l’art. Hilary Braun, journaliste à Vanity Fair, est là. La conversation s’oriente sur le couple Wolf. Elle apprend que la rétrospective du Met à New York approche. Hilary comprend très vite qu’il est intéressant de faire un papier sur eux.
Sven Son, Directeur du Met de New York, est contrarié d’apprendre que Philippe Museau édite une biographie sur les Wolf. Lui souhaite réaliser une biographie de 10 pages sur le couple qu’il remettra à l’entrée du musée. Il faut aller vite, trouver Peter et réaliser des photographies. C’est son collaborateur qui se charge de la mission.
Pendant ce temps, Hilary Brown active ses recherches. Martin Grangier se propose pour l’aider. Les informations qui circulent sur Peter sont qu’il est taciturne, énigmatique et difficile à cerner. Il semblerait que Petra ait profité de la lumière de Peter pour se faire connaître. Sans lui, Petra serait restée professeur d’arts plastiques au fin fond de l’Allemagne. Mais Petra parle peu et ne dévoile rien de leur union.
Petra est convoquée au commissariat de Francfort. Sven Son a signalé la disparition de Herr Peter Wolf. Petra l’apprend lors de son entretien avec Horst, le policier. Elle reste secrète mais précise qu’elle n’a pas vu Peter depuis longtemps. Il est solitaire et elle respecte son choix. Le policier va alors lui montrer une photographie de Peter qui va la bouleverser. D’où provient cette photo ? 
Hilary qui progresse dans ses recherches rencontre Sven Son. Il joue son meilleur rôle en lui présentant les œuvres de Peter. Il n’oublie pas de se mettre en valeur. Il tente par contre de détruire Petra en la méprisant. Il estime qu’elle s’est servie de lui. Elle n’est rien, l’artiste c’est Peter.
Petra est de nouveau convoquée au commissariat. Cette fois-ci, la plainte porte sur la fraude, l’usurpation d’identité et usage de faux. Pour Horst, une seule chose est sûre, personne n’apprécie Petra. La vengeance et la haine se manifestent violemment.
Petra ne comprend pas. Horst pense qu’elle est sincère malgré les pressions qui s’exercent. Un mystère plane. Pourquoi Peter a disparu ? Est-il mort ? Qui l’a tué ? Quid de la disparition de Petra ? Le KGB est il impliqué ? 

Superbe premier roman qui nous plonge dans le monde de l’art contemporain autour d’un couple mythique. La place de la femme et sa considération dans ce monde misogyne sont abordés dans ce livre. C’est également la place de l’art dans cette Allemagne divisée par ce mur de Berlin.
Une lecture très agréable et très intéressante. À découvrir ! 


Sophie Pointurier est enseignante chercheuse en traductologie et écrivaine.


Alertes