Point de rupture de Kevin Powers

Virginie. Le soleil se lève sur la plage, Arman, agent d’entretien dans un hôtel, se presse pour aller nager. Après quelques mouvements dans l’eau,  remonte de la plage. C’est à cet instant qu’il remarque soudain un corps allongé, vêtu d’un costume, l’homme est mort. Parce qu’il en a vu beaucoup d’autres, l’ancien interprète kurde de l’armée américaine ­pendant la seconde guerre du Golfe. Il porte en lui de profondes cicatrices du passé. La seconde vie d’Arman, sa vie d’après, vient de commencer.

La lieutenante Catherine Wheel et le sergent Lamar Adams sont dans l’impasse, la victime ne présente aucune blessure, ni signe de consommation de drogue. Ses poches sont vides, à l’exception d’un ticket de bus qui les mène à Sally Ewell, une jeune journaliste enquêtant sur une société militaire privée sur le point de décrocher un contrat de plusieurs milliards de dollars avec le gouvernement…

 Dans ce roman, Kevin Powers met en lumière les méthodes et les égarements, les énormes profits que génèrent les sociétés militaires privées dont le développement spectaculaire commence justement en Irak, en 2003. A l’époque, Arman a assisté aux crimes de guerre de ces nouveaux mercenaires et fait des vidéos. Il ne le sait pas encore, mais sur la plage, on a cherché à effacer toutes traces de ces exactions, après le départ des Américains d’Irak, il faut réduire au silence les témoins. L’auteur nous glisse un récit qui à le goût d’un thriller, en évitant le classique roman de guerre. Une sorte d’enjeu judiciaire, un devoir de mémoire politique et social. Avec ce thriller efficace et ludique, l’écrivain américain revient sur l’action des armées privées en Irak, entre 2003 et 2011, et ses conséquences aux Etats-Unis. Un roman efficace, original et envoûtant, passionnant !