Retour à la page d'accueil
visuel principal de la chronique
SophieCSB
Expert

Il y a 1 mois | 61 vues

Celle qui devint le soleil, de Shelly Parker-Chan

1345. Soumise aux Mongols depuis Kubilaï Khan, la Chine ploie sous le joug du Grand Yuan, descendant des Khan. Cherchant par tous les moyens à détruire la culture chinoise, les Mongols asservissent paysans et ouvriers qu'ils considèrent comme leurs esclaves. Mais la révolte gronde, et les Turbans Rouges, résistants courageux mais pauvres, commencent à s'organiser.

Dans ce contexte, la fille Zhu se retrouve orpheline et livrée à elle-même suite à la mort de son frère. Elle n'est qu'une jeune fille, paysanne de surcroît. Dans ce monde violent, elle n'est rien. En endossant l'identité de son frère pour survivre, elle n'imagine pas le destin qui l'attend. Mais être un garçon quand on est une fille n'est pas si facile, et Zhu devra être bien rusée pour passer entre les ambitions des uns et la jalousie des autres. Arrivera-t-elle à atteindre la grandeur tant espérée?

 

Et nous voilà partis pour un voyage à travers la Chine médiévale, où les dirigeants écrasent les petits, les guerres provoquent des famines et les administrations gèrent des empires démesurés. Tout est grand, les monastères comme les montagnes, les palais comme les fleuves. Et cette toute jeune fille, courageuse et opiniâtre, va déjouer les traditions et les esprits qui veulent la laisser dans un rôle de servante. Son parcours sera long et difficile, mais elle saura s'affranchir des diktats et, surtout, réfléchir pour réaliser son destin.

Outre ce portrait de femme, l'auteure a totalement réussi sa retranscription de la Chine du 14ème siècle, avec son gouvernement, ses généraux, son organisation territoriale, sa culture mongole. La carte du début d'ouvrage est bien pratique pour suivre les différentes armées et le parcours de Zhu. Les enjeux politiques sont clairs, les jeux d'influence aussi. Tout est dans la tactique et dans les alliances. Autant de machinations dans lesquelles Zhu ne devra pas tomber.

Aspect  non négligeable du roman, les croyances de l'époque sont omniprésentes. L'honneur est incontournable, on maudit des familles sur plusieurs générations, les prénoms sont plein de significations. Cela va même jusqu'aux esprits qu'il ne faut pas contrarier et aux fantômes avec qui il faut faire profil bas. Zhu n'aura pas trop de son pragmatisme pour éviter leur piège.

"Celle qui devint le soleil" est d'une écriture très riche, travaillée, l'ambiance assez sombre est appuyée par de nombreuses tragédies. Ce roman est résolument adulte, plutôt exigeant mais tellement épique que je ne peux que le conseiller à tous les fans d'épopée fantastique.

De mon côté, je vais vite me plonger dans le tome 2...