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Légende

Il y a 28 jours | 87 vues

Cinq mois de Décembre (James Kestrel)

Si Miyako Takahashi avait confié aux Américains, ce qu’elle savait des projets de l’Amiral Yamamoto en accord avec l’Empereur Hirohito , la guerre du Pacifique aurait-elle eu lieu ? Henry Kimmel Willard serait –il toujours à ses côtés ?

Des questions que le policier Joe McGrady qui vient de quitter l'Armée  se pose tout au long d’un périple important l'entraînant d’Honolulu à Hongkong puis jusqu'àTokyo entre 1941 et 1945. C’est le héros de cette histoire. 

Son enquête pour trouver l’auteur de deux crimes prend un chemin inattendu. L’assassinat terrible  de Miyako (nièce de Kansei Takahashi ) et Henry le propulsent dans le conflit d’une manière étrange puisqu’il reste bloqué au Japon, pratiquement retenu en otage par la famille de Miyako. L’occasion pour James Kestrel de donner une épaisseur sentimentale à ce personnage solitaire à la posture virile, évoluant dans la première partie dans un milieu de militaires et de policiers. Le souvenir de Molly l’aide à supporter cet exil, en marge des évènements , puis la présence de Sachi (fille de Kansei Takahashi) adoucit son isolement. 

J’ai apprécié cette seconde partie (décembre 1941/janvier 1942) . Les échanges loyaux entre le Japonais et l’Américain autour d’un verre de saké,  l’émergence brutale du conflit coïncidant avec l’amour déclaré entre Joe et Sachi sont comme une parenthèse romanesque projetant à l’arrière-plan , la guerre et l’enquête.  Ce que la troisième partie n’oublie pas : John Smith , un individu dangereux. Assassin , mais pas que ! La traque obstinée de Joe se double d’un retour compliqué à Honolulu, il doit expliquer sa disparition pendant ses mille quatre cents jours et prouver sa loyauté. Respecter la promesse qu'il a faite à Sachi. 

Le style est détaillé, fouillé, à l'image du regard aiguisé d'un enquêteur, le rythme soutenu. C’est un beau roman d’atmosphère (quelques jolies descriptions) conjuguant une affaire policière avec un contexte historique très bien documenté. Sa construction originale (comme son titre) a le don d’étoffer psychologiquement les principaux personnages ce qui apporte un juste équilibre entre violence et lyrisme . La fin est superbe, infiniment touchante.

Merci au Plouf ! Plouf day, c’est pour moi une jolie découverte.

Un extrait: "Le matin venu il partit pour Nagano.(..) Un train aux vitres blanchies par le givre attendait sur le quai. Il l'emporta vers le nord dans un paysage enneigé. Arbres couverts de neige. Remblais de cailloux couverts de neige. Villages ensevelis sous la neige. Ils dépassèrent des cascades pétrifiées. Ils dépassèrent une troupe de macaques couverts de neige blottis à l'entrée d'un tunnel de chemin de fer..."