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Légende

Il y a 13 jours | 65 vues

CELUI QUI A VU LA FORÊT GRANDIR (Lina Nordquist)

Le choix de ce livre est pur hasard, son bandeau commercial promettait : »Une saga nordique qui prend aux tripes ». Plus qu’une fresque familiale, ce qui en ressort, c’est la poignante volonté de survie de tous les personnages depuis la Norvège jusqu’en Halsingland, en Suède.

Le récit mène d’abord deux histoires dans des temps différents:

*1897 : Unni , son fils Roar et son compagnon Armod sont en fuite. Leur seul bien, une boîte contenant les herbes médicinales qu’ils transportent nous fait découvrir les raisons de ce départ précipité : Unni échappe aux poursuites d’un pasteur. Guérisseuse, elle aurait aussi participer à des avortements dans cette société où la femme est bafouée, violée . Le voyage est éprouvant, l’amour qui lie Unni et Armod lutte contre les conditions d’une Nature hostile, le froid, la forêt, la faim. Mais ils parviennent à passer la frontière et s’installe en Norvège, dans une vieille maison délabrée dont ils réussissent à faire un foyer pour installer une famille. Deux autres enfants vont naître. La vie s’organise et se dispute fondue dansla forêt aussi impitoyable que généreuse . Tantôt refuge, tantôt piège, elle trouve dans l’écriture de Lina Nordquist, un flux onirique qui contraste avec sa dure réalité. À ce moment de l’histoire, j’ai été embarquée. Le destin d’Unni prend réellement aux tripes.

*1973 : Deux femmes se font face autour du décès de Roar. Bricken, sa femme et Kâra  sa belle-fille . Les relations sont tendues, les non-dits , pesants.

Dès lors le récit va remonter le temps dans la maison toujours perdue dans les bois. Jusqu’à retrouver petit à petit ses racines  et comme un arbre, il va grandir, pousser des branches sur lesquelles les secrets vont s’accrocher. Jusqu’à un point inimaginable !

C’est un univers dépaysant, fort riche en émotions. La construction du roman s’avère très astucieuse, tout s’emboîte à propos dans ce thriller psychologique nordique. Le contexte révèle des conditions de vie âpres où la mort est constante , une pauvreté extrême, une société où la femme subit des violences, mais ce qui ressort sans doute c’est la puissance de l’amour qui unit les êtres. Une belle fable humaniste malgré la noirceur. Je conseille vivement.