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mariefd
Champion

Il y a 19 jours | 52 vues

"Le protocole compassionnel" de Hervé Guibert. 1991

On n'a pas oublié Hervé Guibert pourtant décédé en 1991, à 36 ans, du Sida. Il avait révélé sa séropositivité dans "A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie", roman autobiographique qui l'avait fait connaître d'un large public. Il décrivait quotidiennement l'avancée de la maladie et avait fait une intervention très remarquée dans "Apostrophes" de Bernard Pivot. 

J'avais depuis lors "Le protocole compassionnel" dans ma bibliothèque sans l'avoir lu jusqu'à maintenant.

Le protocole compassionnel désigne l’administration sous contrôle médical de nouveaux traitements à des personnes atteintes d’une maladie, souvent en phase terminale, pour laquelle les médicaments existants ne se sont pas révélés suffisamment efficaces. Ils peuvent alors accéder à des médicaments dont l’efficacité est partiellement connue mais qui n’ont pas encore reçu d’autorisation de mise sur le marché, notamment parce que tous leurs effets potentiellement néfastes n’ont pas été testés.

Dans cet ouvrage, le narrateur se procure frauduleusement un médicament, la  DDI, qui était alors recommandé dans les cas où l'AZT n'était plus supporté par le malade. Décrivant sa souffrance et sa relation avec le médecin mais aussi la modification du regard des autres, il explore la notion de compassion.

Deuxième volet de la trilogie consacrée à sa maladie, après "A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie" (1990), et avant "L'Homme au chapeau rouge" publié à titre posthume en 1992,  le texte est représentatif de l’œuvre d’Hervé Guibert mêlant autobiographie et roman. Il raconte l'étonnement et la douleur, la rage et l'abattement de voir son corps de 35 ans se transformer en corps de vieillard. Dans le bouleversement de la chronologie des événements, au travers des effets miroirs de la narration, se construit, comme chaque fois, une œuvre d’une grande originalité.