Madame S., de Sylvie Lausberg

Madame S., c'est Meg Steinheil, Marguerite Japy de son nom de jeune fille. C'est dans ses bras que Félix Faure, président du Conseil en cette année 1899, mourra de plaisir. Si l'Histoire a surtout retenu cette mésaventure rocambolesque, Madame S. fut bien plus que cela. Héritière d'un grand groupe d'industriels protestants de l'Est de la France, mariée jeune à un peintre qui aurait pu être son père, elle ouvrira son salon parisien à tout ceux qui comptent dans la capitale à cette époque : des artistes, des politiciens, des juges, des journalistes. Si la fin de son célèbre amant la laissera seule, son retour sur le devant de la scène se fera lors de l'assassinat de son mari et de sa mère. Emprisonnée, jugée, puis déclarée innocente, elle deviendra paire d'Angleterre, avant de se faire enlevée au Maroc. Un vrai roman!!!     

Voilà une vie pas banale que celle de Meg Steinheil, fille de la bourgeoisie industrielle, coqueluche du Tout Paris, maitresse d'un Président de Conseil et pairesse anglaise!!!  L'auteur a su faire de tout cela un roman captivant, au bord du thriller politique. La personnalité de Madame S. est assez troublante car on sent bien qu'elle manipule aussi bien le mensonge que la répartie bien sentie, derrière un charme indéniable. Les journaux de l'époque, virulents au possible, ne l'ont pas épargnée, mais elle a toujours su réagir face aux critiques misogynes et réactionnaires. Il faut dire l'époque n'était pas tendre envers quiconque s'éloignait de la norme bien pensante. Une femme aussi émancipée que Meg ne pouvait que déplaire, mais elle restera fidèle à ses opinions, pour le meilleur et pour le pire.    

Faites connaissance avec Madame S., mi-ange, mi-démon, mais digne représentante de la gente féminine dans tous ses combats.